Depuis l’annonce de la candidature du général de Brigade Moussa Sinko Coulibaly à l’élection présidentielle du 29 juillet 2018, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta ne dort que d’un œil. Le jeune officier supérieur Moussa Sinko aurait surpris le président fondateur du parti des tisserands en se présentant contre lui à la présidentielle du 29 juillet prochain.
Rato Moto
Comme dit le sage: «Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années». Ce vieux dicton sied bien à la situation qui prévaut entre les anciens du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) et le président Ibrahim Boubacar Keïta enfin de son quinquennat. Ce sont ces jeunes «putschistes du 22 mars 2012» qui ont remis le pouvoir à IBK par l’organisation d’élection, en 2013.
Le faiseur de roi fut le général Moussa Sinko Coulibaly à l’époque ministre de l’Administration territoriale pendant la transition et Amadou Haya Sanogo. Hélas ! Avaient-ils bien réfléchi avant d’agir ? Certainement non !
En 1992, le général Amadou Toumani (putschiste et héros du 26 mars 91) avait à travers le Comité de transition pour la Salut du peuple (CTSP) emprunté la voie pour remettre le pouvoir à Alpha Omar Konaré et dix (10) ans plus tard ce dernier a cassé son parti (ADEMA) pour le remettre le pouvoir.
Aujourd’hui, c’est une répétition de l’histoire. A la seule différence d’IBK, Alpha Oumar Konaré a été reconnaissant envers son bienfaiteur. Il ne l’a pas mis en prison. Il y eut parfois des difficultés entre les deux (02) hommes (Alpha-ATT), mais jamais de dures humiliations.
Il faut signaler que Ibrahim Boubacar Keïta candidat, selon son parti (RPM) à sa propre succession tarde à présenter sa candidature parce que celle du général Moussa Sinko Coulibaly l’inquiète et lui donne du tournis. Des médiateurs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) seraient en pourparler très avancé entre Moussa Sinko Coulibaly et Ibrahim Boubacar Keïta.
Au moment où nous mettions sous presse, la ligne rouge était franchie car l’ancien ministre de l’Administration territoriale sous la transition aurait rejeté tout accord avec le candidat de la coalition des soixante (60) partis politiques qui soutiennent sa candidature.
Comment en est- on arrivé là ?
La situation du pays est très difficile et complexe à la fois à tous les niveaux. Surtout sur le plan économique et le reste ne peut que suivre. Chaque homme politique tend absolument à se servir et à servir ses intérêts personnels. Cela est perceptible partout.
Le clientélisme politico-ethnique facilité par le fanatisme et la corruption fait que l’intérêt de la nation et l’avenir du pays ne préoccupent personne. La qualité de la gouvernance est zéro pointé. Or aucun signe favorable ne semble se dessiner à l’horizon. Les politiques ont mis le Mali au K.O. Le détournement de l’argent public n’est pas l’exception. Argent public, argent privé la distinction est floue.
Au Mali, la notion de comptabilité publique est récente. Il a fallu attendre la création de certains services de répressions pour enfin voir le bout du tunnel. Plusieurs caissiers ont fait la prison, ils confondaient l’argent public et l’argent de leur poche. Ainsi, plusieurs sociétés et entreprises d’Etat ont mis la clé sous le paillasson pour mauvaise gestion des administrateurs.
Notre pays régresse financièrement pour raison d’impunité. C’est le pays où les cadres sont plus nantis que l’Etat. Cette exception malienne trouve son explication dans trois (03) faits: la faiblesse de l’Etat, à l’absence de sentiment national, et à la précarité du régime politique.
La réalité du pouvoir est entre les mains des princes. Les finances publiques et celles des princes se confondent largement.
La concussion, des détournements directs ou indirects de fonds publics ne sont pas ressentis comme une transgression dans la mesure où ils alimentent une sorte de système de redistribution sociale. Enfin, la précarité des régimes politiques accélère les phénomènes de corruption.
Après un quart de siècle d’exercice démocratique, il y a lieu de s’asseoir et de dresser un bilan. Il me semble que nous évoluons vers une catastrophe plus sanglante qu’en 1991.
Les armes circulent et sont utilisées au détriment de la paix civile en toute impunité par certaines milices proches des partis politiques. De plus, le comportement actuel des politiques et de certains chefs militaires n’est pas de nature à soigner la situation.
La présidentielle du 29 juillet 2018 pourra être le déclencheur d’une bombe en attente d’un détonateur pour exploser. Il faut prier fort.