La consommation de la chicha devient de plus en plus un phénomène de mode chez les jeunes maliens qui ignorent que cela peut gravement nuire à leur santé.
Connue sous diverses appellations comme “water pipe”, “narghilé” ou “houka”, selon les régions du monde, la chicha est une pipe à eau permettant de fumer du tabac à l’aide d’une aspiration. Son origine n’est pas tranchée. Certaines recherches la situent en Inde, en Europe, ou en Amérique, pendant que d’autres parlent de l’Arabie saoudite.
Selon certains spécialistes, la consommation de la chicha provoque les mêmes maladies pulmonaires, cardiovasculaires et cancers que chez le fumeur de cigarette. La jeunesse malienne est en train d’en faire un mode de vie. Au quotidien, ce sont des Snapchat, des statuts WhatsApp et même des mots dessinés avec la fumée sur les réseaux sociaux.
Avec son goût aromatisé, la chicha est consommée aujourd’hui par la jeunesse malienne à tous les coins à travers le district. Il est difficile de passer dans un quartier sans voir un attroupement de jeunes fumant la chicha. Il existe même des “maisons chicha” et le marché est florissant. Cheick B., vendeur de chicha à Kalabancoura confirme ce constat acerbe.
“Je peux vendre jusqu’à 75 000 F CFA dans la semaine sans compter le week-end où les clients viennent en nombre”, se réjouit Cheick B. “Mes clients sont des jeunes âgés de 18 à 21 ans”, ajoute-t-il.
Agé à peine 20 ans, Hamadoun Diallo a du plaisir à fumer la chicha. Avec ses amis, il se rend dans une maison à chicha chaque dimanche à partir de 16 h à Hamdalaye-ACI. “Je fume la chicha depuis quelques années. C’est un plaisir pour moi. C’est vraiment amusant. C’est une manière pour moi d’évacuer mon stress”, soutient le jeune homme.
La santé des consommateurs en jeu
Selon Dr. Mahamoudou Maiga, médecin pneumologue, la consommation de la chicha constitue un réel danger pour la santé. “Elle détruit l’homme à petit feu. A un stade, la consommation de la chicha devient dangereuse. Elle entraine à la fois l’addiction et des maladies dangereuses comme l’hépatite ou la tuberculose. C’est exactement comme la cigarette”, souligne Dr. Maïga. Il classe même la chicha parmi les excitants.
La floraison de la consommation de la chicha dans notre société à une explication. Le sociologue Oumar Mamoudou Traoré estime que l’Etat est le responsable de la situation. “La chicha prend de l’ampleur, comme d’autres excitants chez les jeunes parce que notre jeunesse est en manque de repère. Elle est à la fois abandonnée par l’Etat et les familles”, regrette Oumar Mamoudou Traoré.
Comme le Rwanda de Paul Kagamé, l’Etat, à défaut d’interdire la consommation de la chicha, devrait réglementer son importation dans notre pays parce que la santé des jeunes est en jeu.