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Soldats tués au Mali : «Les terroristes utilisent l’arme des lâches», condamne Florence Parly
Publié le samedi 2 janvier 2021  |  leparisien
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Après la mort de deux soldats au Mali ce samedi, la ministre des Armées justifie la présence des troupes françaises au Sahel face à la menace terroriste mais souhaite qu’elles soient mieux protégées.
Elle a appris que la force Barkhane avait été de nouveau frappée au lendemain d'un déplacement de deux jours au Tchad, où elle a notamment réveillonné avec les troupes françaises, aux côtés du Premier ministre, Jean Castex. La ministre des Armées, Florence Parly, livre au Parisien ses premières réactions et annonce vouloir « mieux protéger » les militaires engagés au Sahel.
Cinq militaires français ont été tués en moins d'une semaine au Mali. Comment réagissez-vous à ce bilan très lourd ?

FLORENCE PARLY. Je ressens beaucoup de tristesse et d'émotion. La perte de soldats, de nombreux soldats en quelques jours, est un drame pour nous tous. La France a perdu cinq de ses enfants. Je leur exprimerai notre reconnaissance dès mardi lors de l'hommage que je rendrai aux trois militaires du premier régiment de chasseurs. Puis quelques jours plus tard lors de l'hommage qui sera rendu aux deux hussards du régiment de Haguenau tombés samedi pour la France.

Peut-on parler d'une dégradation de la sécurité dans la région pour les troupes françaises ?
D'abord, il est essentiel de rappeler que nous sommes engagés au Sahel à la demande des Etats concernés parce que des groupes terroristes, affiliés à Al-Qaïda et Daech, sèment la terreur et le chaos sur place et que ces mêmes groupes ont un agenda international qui concerne directement notre sécurité, nous Français et Européens. Si les djihadistes adoptent ces méthodes pernicieuses de guérilla, c'est qu'ils refusent le combat, conscients qu'ils n'auraient aucune chance s'ils devaient se confronter aux soldats de Barkhane dans un combat régulier. Au cours de l'année 2020, nous avons en effet remporté des succès militaires importants, à la fois en neutralisant plusieurs hauts responsables de ces groupes terroristes et en attaquant leurs chaînes logistiques pour les désorganiser.

Mais la capacité de résistance des djihadistes reste importante…
Oui, les conditions de sécurité au Sahel restent difficiles. Les terroristes utilisent l'arme des lâches, ces engins explosifs improvisés glissés sous le sable du désert ou sur les axes routiers et qui se déclenchent indifféremment au passage des militaires français ou des véhicules civils comme on l'a vu ces derniers jours.

Cela appelle-t-il un changement de stratégie ?
Depuis que Barkhane (précédée par Serval) a démarré ses opérations, nous n'avons cessé de nous adapter à la configuration du terrain, aux modes opératoires des groupes terroristes. Cette adaptation va continuer naturellement. Et je souhaite qu'on puisse en faire davantage pour mieux protéger nos militaires. En ce moment même, nous sommes en train de travailler aux évolutions de la force Barkhane dans les prochains mois.

Confirmez-vous le rappel de 600 soldats dans les mois à venir ?
Au sommet de Pau de janvier 2020, le président de la République avait décidé ce renfort de 600 militaires supplémentaires. L'objectif était de cibler prioritairement le groupe affilié à Daech, l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) dans la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger) dans laquelle il est implanté. Cela a produit des résultats importants. Un bilan sera tiré prochainement, lors d'un nouveau sommet avec les chefs d'Etat africains du G5 Sahel. Nous serons très probablement amenés à ajuster ce dispositif : un renfort par définition, c'est temporaire. Mais la décision en revient au président de la République, chef des Armées.
VIDEO. Dans l'enfer d'un sanctuaire djihadiste avec les soldats français

La France n'est-elle pas trop seule au Sahel ?
Non, la France n'est pas seule. Elle bénéficie d'un soutien croissant des partenaires européens, ainsi que des Etats-Unis. Nous sommes en ce moment même en train de déployer la force Takuba, constituée de militaires des forces spéciales européennes qui vont combattre aux côtés des forces armées maliennes, en particulier à Ménaka (Mali), où a eu lieu l'explosion qui a coûté la vie à nos deux hussards. Une quarantaine de soldats estoniens sont déjà sur place. Ils seront rejoints dans quelques jours par 150 militaires suédois et une soixantaine de militaires tchèques. Des Italiens devraient bientôt les rejoindre. Cette force devrait être pleinement opérationnelle à l'été 2021. Il y a un an, cette force Takuba paraissait encore hors de portée.
Confirmez-vous que la France est désormais ouverte à des négociations avec certains groupes djihadistes locaux ?
Il n'est évidemment pas question de négocier avec des groupes terroristes comme Al-Qaïda ou Daech, qui assassinent de manière aveugle et ont du sang sur les mains. Peut-on parler à des gens qui ont déposé les armes et qui ne sont pas motivés par une idéologie radicale et criminelle ? Il y a un cadre pour cela : l'accord d'Alger pour la paix et la réconciliation au Mali signé en 2015, qui n'a malheureusement pas été mis en œuvre. L'un des objectifs, c'est qu'il le soit rapidement.
2021 marquera la neuvième année d'engagement militaire français au Sahel. Combien de temps cela peut-il encore durer ?

J'ai toujours dit et répété que nous n'avions pas vocation à rester éternellement mais le temps nécessaire pour que nos partenaires sahéliens et leurs armées, soutenus et accompagnés efficacement par la communauté internationale, soient capables de répondre eux-mêmes à la menace, ce qu'ils commencent à faire.

Des responsables politiques interrogent l'utilité de Barkhane, craignent un conflit sans issue. Ne redoutez-vous pas que l'opération soit de plus en plus contestée en France ?
C'est pourquoi il faut bien faire connaître nos objectifs et nos résultats. Et rappeler que c'est à la demande des pays du Sahel que nous sommes présents, une demande qui a été réitérée il y a un an à Pau. Je serai de nouveau devant les parlementaires, notamment au Sénat en février, pour l'expliquer.

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