ébauche l’homme et l’éducation l’achève », l’école est le point d’ancrage de cette éducation. Et si la récurrence des crises multidimensionnelles que connaît notre pays, a plusieurs origines, le manque d’élites responsables et de leaders patriotes en sont les causes principales. Or, ce manque cruel de citoyens de Haut niveau et empreint de PATRIOTISME est en grande partie dû à une dégringolade du système éducatif.
Dans ces conditions, face à une multitude de causes intrinsèques, quelle solution miracle peut-on préconiser ? L’échec cuisant des mécanismes de réconciliation des maliens et résolution des crises socio-politiques (Espace d’Interpellation Démocratique, Dialogue National…) n’était-il pas prévisible en raison de la rupture du lien entre la gouvernance et la recevabilité ? Ce lien, créé par la confiance témoignée par le peuple envers les élus et renforcé, en temps normal, par la conscience professionnelle des élites de la nation, est très lâché désormais. Que faut-il pour le rétablir ?
Des solutions de contournement sont à l’étude. On nous expérimentera bientôt le mécanisme de la REFONFATION. À vrai dire, cette notion est si vague et imprécise que même ceux qui la suggèrent ont du mal à en préciser le contenu exact et la mettre en œuvre. Mais il est certain, qu’à l’instar des autres mécanismes déjà testés, sans vouloir être pessimiste, la tentative de REFONFATION se soldera par un échec. Nul ne le souhaite ! Toutefois, compte tenu des circonstances qui prévalent, plus de 700 écoles fermées et une décennie de tentative de sauvetage des années scolaires et non de l’ECOLE, le pronostic paraît de plus en plus évident. On ne peut refonder un État dont les instances de socialisation sont en panne sèche.
Nous suggérons quelque chose d’évident ! Il faut réinventer l’ECOLE malienne afin qu’elle reprenne sa place d’instance de socialisation. Il faut réinventer l’Ecole de la république pour que la jeunesse soit un vecteur de développement et non une bombe à retardement. Il faut réinventer l’école malienne pour que la relève soit capable de s’illustrer par le progrès (social, scientifique et humain). Les gouvernements successifs, depuis les années 2000, se sont focalisés sur les doléances de la classe politique divisée par une querelle partisane. Ils ont cherché à plaire aux magistrats et aux enseignants et ont politisé l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM). Le piège s’est toujours refermé sur eux. Le résultat est là, la spirale des coups d’État !
Et parce qu’ils n’ont pas été courageux, pour entamer des réformes à l’envergure de l’Ecole de la république avec sincérité, ils ont failli. On ne peut refonder un État sans un système permettant la naissance d’une élite capable de prendre la relève avec responsabilité. Les cadres issus d’un système éducatif corrompu (depuis 1992) ne peuvent pas assumer, avec responsabilité, les charges et fonctions à eux confiées. Au contraire, le système est demeuré propice à la production d’élites animées par une sorte de désir de revanche à prendre. Les meilleurs projets sont élaborés au nom du peuple mais les retombées profitent toujours à un cercle restreint d’individus non méritants puisque les postes sont distribués par affinité et par camaraderie.
Il ne faut donc plus se leurrer ! L’école malienne doit être réinventée pour que, au-delà de l’instruction nécessaire pour la bonne marche de la démocratie, la génération future soit en mesure de porter le lourd projet d’une nation reconstruite, en paix et prospère. Nous ne pouvons que lancer cet appel solennel aux autorités maliennes. Il faut réinventer l’Ecole malienne par la mise en place d’un système éducatif adapté pour :
-une sortie des chantiers battus et africaniser nos enseignements pour tenir compte de nos réalités. Le malien ne doit plus aller à l’école pour avoir un diplôme ou parler la langue du colon mais pour être compétitif sur un marché local, communautaire et de plus en plus globalisant. La suppression des Ecoles publiques, productrices de potentiels chômeurs, doit être une évidence.
-une réappropriation des valeurs ancestrales. Il est en effet de résoudre cette crise identitaire qui a causé la décrépitude de la morale républicaine. Le malien, entre les arabes et les occidentaux, se perd car il ignore son histoire. L’enseignement scientifique ou littéraire ne s’est pas enrichi des us et coutumes. Au contraire, on a cru bon de les ignorer par complexe d’infériorité. Or, nos savoir-faire ancestraux, notamment en médecine, auraient pu enrichir nos médecins, s’ils étaient intégrés aux programmes officiels.
-un affranchissement du peuple malien. C’est une erreur de croire, en 2021, qu’un peuple peut prétendre à la liberté alors même qu’il demeure sous dépendance économique d’autres peuples. Le Mali étant un pays enclavé, néanmoins riche en ressources minières, seule une industrialisation peut permettre un essor économique favorable à son affranchissement du joug colonial. Et une industrialisation n’est envisageable qu’avec une refondation du système scolaire afin d’assurer la production d‘une main d’œuvre qualifiée et capable d’ingénierie et d’ingéniosité. Sinon nos usines seront construites par des étrangers et ils assureront la maintenance. Donc la sortie de la devise ne pourrait être évitée.
Vive la république !
Vive le Mali !
Dr DOUGOUNÉ Moussa
Professeur d’enseignement Supérieur
Consultant Formateur auprès des entreprises et des banques