Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Interview / Sory Ibrahima MAIGA, Président de l’Association des Promoteurs Immobiliers du Mali (APIM) : "J’exhorte le gouvernement à réfléchir sur l’attribution des espaces dédiés à la promotion immobilière"
Publié le lundi 12 decembre 2022  |  aBamako.com
Sory
© aBamako.com par Androuicha
Sory Ibrahima MAIGA , Président de l’Association des Promoteurs Immobiliers du Mali (APIM),vice-président du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), 1er vice-président de la FPIAO (Fédération des Promoteurs Immobiliers de l’Afrique de l’Ouest), et vice-président de l’Union Africaine des Promoteurs Immobiliers (UAPI)
Comment


Dans cette interview que nous a accordée le président de l’Association des Promoteurs Immobiliers du Mali (APIM), M. Sory Ibrahima MAIGA, un message a été adressé aux décideurs maliens pour la résolution des problèmes fonciers récurrents au Mali. L’homme aux multiples casquettes, notamment celles de vice-président du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), de 1er vice-président de la FPIAO (Fédération des Promoteurs Immobiliers de l’Afrique de l’Ouest), et de vice-président de l’Union Africaine des Promoteurs Immobiliers (UAPI) , y a aussi annoncé les couleurs de la 7è édition du Salon de l’Habitat de Bamako (SAHABA) qui aura droit de cité en début de l’année prochaine.

Abamako.com : Pourriez-vous nous faire la genèse de l’APIM et, partant de là, nous informer sur le rôle qu’elle joue ?

Sory Ibrahima MAIGA : En 1992, la constitution malienne a prévu au même titre que la santé, la formation, l’éducation… que le droit au logement soit un devoir pour l’Etat et que tout individu mérite de pouvoir vivre dans un environnement sain. Alors pour appuyer cette dynamique, l’Etat a choisi d’encourager les promoteurs immobiliers pour venir appuyer l’Etat dans sa stratégie nationale de gouvernement. C’est là où en 1992 la loi régissant la promotion immobilière fut créée et est venue en ce moment-là reconnaître les promoteurs immobiliers comme entité à part entière. Cela permet aux promoteurs immobiliers de pouvoir faire des opérations d’aménagement ou de faire faire des opérations d’aménagement, de morcellement des parcelles à usage d’habitation mais également de pouvoir construire des bâtiments, de rénover des bâtiments, des bâtiments publics industriels, privés ou semi-privés et autres. Donc suite à cela, les promoteurs immobiliers en ce temps, se sont réunis afin de pouvoir résorber les différents problèmes, de pouvoir s’unifier, harmoniser les actions, d’avoir plus d’impact sur le marché immobilier et apporter plus de solutions idoines et inclusives pour nos concitoyens. Donc on avait jugé nécessaire de créer une faitière qui pourra justement venir encadrer, organiser tout cela. C’est là où l’APIM fut créée en 1999.

Abamako.com : De sa création à aujourd’hui, l’APIM doit disposer d’un palmarès à n’en point douter, quels ont été les grands chantiers à son actif ?

Sory Ibrahima MAIGA : Je ne pourrais pas vous citer toutes les réalisations ; il y en a beaucoup, il y en a telle,ment . Je vais vous donner juste un seul exemple. Les logements sociaux qui ont été lancés sous le mandat de feu président IBK. On a vu que les promoteurs immobiliers maliens ont réalisé presque 20 000 logements. Ces 20 000 logements ont été pratiquement exécutés par les promoteurs locaux et les promoteurs de l’APIM. Donc cela vous donne l’importance du poids en tous cas de ce que vaut l’APIM. Donc à cela, on a appuyé l’Etat pour revoir les textes régissant la promotion immobilière et on a accompagné l’Etat pour trouver des solutions pour amoindrir le besoin chronique de logements au Mali qui s’élève à presque 400 000 par an. Donc ces logements sociaux ont été financés par les promoteurs immobiliers qui ont également financé les voiries et les réseaux divers, les routes, construit des maisons ensuite livrer ces maisons pour ensuite attendre 4 années pour se faire payer. Donc c’est pour vous dire un peu l’effort que les promoteurs immobiliers ont consenti pour accompagner l’Etat pour pouvoir atteindre ces objectifs , mais également pour contribuer à une amélioration des besoins des Maliens en termes de logements.

Abamako.com : Quelles sont les difficultés auxquelles l’APIM est confrontée ?

Sory Ibrahima MAIGA : Les difficultés se situent notamment sur quelques axes. Nous sommes dans un pays pauvre donc on fait face à beaucoup de ménages à faible revenus. Alors le taux de bancarisation n’est pas au rendez-vous, nous faisons donc face à un problème de financement. Il est alors important que nous voyons avec les autorités, avec les banques pour pouvoir trouver des financements à longs termes, des ressources à longs termes comme on le dit dans le jargon bancaire. Des ressources à longs termes qui vont permettre au Maliens de la couche défavorable de pouvoir accéder aux financements bancaires. Parce que lorsque vous prenez les financements des banques maliennes, rares sont celles qui dépassent 10 ans alors que l’immobilier a toujours besoin de ressources longues par rapport à l’amortissement pour que ça puisse être soutenable à l’acquéreur, à la personne qui va s’engager. Si les taux ne sont pas révisés en fonction et si le délai de payement n’est pas révisé en fonction, il serait difficile de pouvoir donner un crédit à un individu pour qu’il puisse le supporter mensuellement. C'est un premier point. Donc il faudrait que nous les Promoteurs Immobiliers, l’Etat et les banques puissions créer des cadres de concertation et essayer de situer qui est-ce qui peut amener quoi notamment au ministère des finances pour l’allègement fiscal des intrants, des exonérations pour amoindrir des coûts de construction. Notamment avec la douane et aussi l’Etat afin qu’il puisse mettre à notre disposition des espaces dédiés , des espaces planifiés pour l’habitat. Ces espaces aussi viendront amoindrir les coûts de logement parce que le terrain ne fera pas partie du coût du logement. En ce moment, les banques aussi, qu’elles fassent des efforts pour pouvoir trouver des ressources longues et regarder aussi les taux d’intérêt. Le second point, c’est le problème de terrain, le foncier.

Quel est le problème à ce niveau ?

On est confronté à plusieurs problématiques à ce niveau. Premièrement la sécurisation du foncier et aussi la garantie et la protection du titre foncier. Le titre foncier au Mali aujourd’hui pose un sérieux problème parce qu’en principe un titre foncier est indéniable et inattaquable. Donc lorsque vous avez un titre foncier, ça vaut cas de justice et normalement vous n’avez plus rien à craindre. Mais aujourd’hui, force est de reconnaître que même avec un titre foncier les gens se font spolier et il y a tous les litiges et même de moins en moins de banques prennent en garantie les titres fonciers comme sûreté de premier ordre. Donc il faudra renforcer le titre foncier, rendre au titre foncier la valeur qu’il faut. Deuxièmement, il faudrait que l’Etat, avec nous les acteurs, nous puissions digitaliser le cadastre malien pour le rendre encore plus fiable. Il faudra également que nous puissions avoir les espaces qui sont dédiés à la promotion immobilière, qui sont prévus dans le schéma directeur de l'État. C’est avec ces espaces-là qu’on peut vraiment faire des programmes immobiliers et faire sortir des logements pas trop chers. La 3è difficulté se résume au problème institutionnel. Ça, ça concerne les acteurs eux-mêmes, parce que il faut qu’on arrive à créer les cadres de concertation entre les acteurs eux-mêmes pour pouvoir résorber nos différents problèmes, avoir des cadres d’échanges pour que chacun puisse apporter son expertise qui pourra justement impacter le processus d’aboutissement soit du terrain ou de l’habitat.
Je profite de votre micro pour informer qu’il y aura la tenue du salon SAHABA (Salon de l’Habitat de Bamako) en début 2023 qui sera un lieu d’échanges entre tous les acteurs du secteur, tous les acteurs liés à l’industrie du bâtiment pour qu’ils viennent échanger entre eux et sortir de nouvelles solutions pour la construction, l’habitat, le foncier.

A quoi les participants devront-ils s'attendre?

Ils viendront présenter leurs produits, faire la promotion de leurs produits. Cela permettra aussi à l’Etat de pouvoir compter sur le privé, enfin...nous les promoteurs pour qu’on lui propose des solutions sur la problématique de l’habitat. Donc il y aura des expositions, des échanges B to B et il y aura également un côté scientifique qui viendra parer les problématiques du foncier et de l’habitat, et les thèmes sur lesquels on doit évoluer notamment l’armistice sociale la construction verticale parce qu’aujourd’hui on fait face à un étalement incontrôlé des villes. Donc il faudrait qu’on puisse endiguer ce fléau-là. Donc ça, ce sont les questions sur lesquelles on travaille tout en tenant compte de l’environnement. Donc ce salon permettra aussi au Malien lambda, à la population de venir s’informer auprès des promoteur immobiliers, de connaître les programmes qui sont actuellement en cours mais également de connaître tout le processus liant par exemple l’aboutissement de l’acquisition d’une parcelle ou d’un terrain. Alors, ce salon permettra également aux banques et aux assurances de pouvoir faire des politiques de proximité avec leurs clients. Ce salon a été initié par l’APIM il y a une quinzaine d’années. Chaque deux, trois ans, on fait des éditions, et ça consiste à inviter les acteurs de la sous région également, les faitières de la sous région dans la promotion immobilière, pour pouvoir harmoniser nos actions. Nous serons à la 7è édition en 2023.

Abamako.com : Auriez-vous par hasard un mot particulier à l’endroit du consommateur foncier ou à l’endroit du gouvernement que vous accompagnez ?

Sory Ibrahima MAIGA : Je profite de l’occasion pour remercier le gouvernement malien, surtout notre ministère de tutelle, celui de l’urbanisme et de l’habitat. Aujourd’hui, on a un ministère qui est quand même assez dynamique qui nous accompagne même si on sait tous qu’avec la conjoncture actuelle, le contexte n’est pas favorable. Même si le ministère a souvent envie de faire certaines actions et que les moyens lui manquent, on comprend. C’est à nous aussi les privés de les accompagner pendant les périodes difficiles. Mais j’exhorte le gouvernement à accentuer les travaux pour réfléchir sur l’attribution des espaces dédiés à la promotion immobilière. Vraiment si on n’a pas de terrains on ne peut rien faire. Et aussi de continuer à créer des cadres de concertation entre les acteurs pour qu’on puisse trouver des solutions à nos problèmes.

Quid de la population ?

À l’endroit de la population, mon conseil c’est que il faut faire attention. Aujourd’hui, on fait face à beaucoup d’acteurs mais qui ne sont pas professionnels. Donc il faut toujours passer par des professionnels. Nous sommes en train de mettre en place des mécanismes qui feront que on va assainir la profession pour que de plus en plus, on travaille avec les professionnels. Mais il faudrait que ce soit les demandeurs eux-mêmes qui soient vigilants, très vigilants, ne passer que par les professionnels. Je vais vous donner un exemple. Lorsque vous décidez d’acheter une parcelle, il faudrait faire vérifier la parcelle, d’abord il faut que la parcelle soit en titre foncier pour vous sécuriser. Ensuite passez chez les notaires pour vérifier ces documentations. Si le notaire donne son accord pour l’achat de cette parcelle là, de ce titre foncier, cela vaut une garantie. Ensuite si vous voulez construire une maison, ne passez pas par n’importe qui. Parce qu’une construction de maison c’est un investissement pour toute une vie, donc c’est important, ne badinez pas avec votre économie, regardez et allez vers des professionnels parce que l’avantage c’est que en cas de pépin je ne le souhaite pas, le professionnel est tenu de trouver des solutions à votre problème parce que lui il est reconnu. Soit il va vous trouver des solutions de substitution, en tous cas il est contraint de trouver la solution et vous pourrez même le saisir en justice. C’est une entité qui est connue. Donc passez par des professionnels qui sont dans le métier pour vos travaux de construction, de logements sociaux. J’exhorte tout le monde à être vigilant parce que nous on peut prévenir mais on ne peut pas, lorsque c’est enclenché on ne peut rien. Notre rôle c’est de prévenir quand même pour éviter que des gens se retrouvent dans des situations de ce genre là.

ANDROUICHA
Commentaires