Dans un communiqué en date du jeudi 25 janvier 2024, les autorités de transition malienne ont mis fin à l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. Le ministère des Affaires étrangères, depuis Alger, a pondu un brouillon pour relater sa rancune tenace contre Bamako. Les autorités de ce pays mettent à nu leur vrai visage par rapport à l’Accord. Mais, c’est sans compter avec la position de Bamako qui reste droit dans ses bottes et prêt à tout pour la défense de l’intégrité territoriale du Mali.
Comme du berger à la bergère, en réaction au communiqué dénonçant l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, le ministère des Affaires étrangères de l’Algérie lève complètement le voile sur sa rancune mal cachée. Le communiqué d’Alger fait étalage de tout ce que les autorités de ce pays ont encaissé. Les autorités algériennes avaient-elles un agenda caché pour se battre pour l’application de l’Accord d’Alger ? Si la réponse est affirmative, c’est mal connaître le président de la transition Assimi Goïta.
A la lecture du communiqué peu responsable du ministère algérien des Affaires étrangères, l’on comprend aisément que ce pays a arbitré en faveur d’un camp. Il a tout le temps sifflé les fautes d’un protagoniste au détriment de l’autre. Mais le hic est que, malgré cela, il tente de conduire le match à bon port. Chose donc devenu difficile car la confiance s’est déjà émoussée entre Bamako et Algérie.
C’est un secret de polichinelle dans le monde entier qu’Assimi ne badine pas avec l’intégrité du territoire malien. La récupération de Kidal en est l’illustration la plus parfaite. Et l’Algérie, en tant qu’arbitre pour la mise en œuvre de l’Accord, serait dans la dynamique de brouiller les pistes. Le communiqué malien avait pour objectif de partager ce que le gouvernement de transition a appelé les faits graves.
Les raisons de la dénonciation de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale par Bamako
En premier lieu, Bamako dénonce le changement de posture de certains groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger devenus des acteurs terroristes et poursuivis par la justice malienne après avoir commis et revendiqué des actes terroristes.
Secondo, il s’agit de l’incapacité de la médiation internationale à assurer le respect des obligations incombant aux groupes armés signataires malgré les plaintes formulées par le gouvernement de transition à travers la lettre du ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale en date du 24 février 2023, adressée aux autorités de la République algérienne démocratique et populaire, chef de file de la médiation internationale.
Tercio, le gouvernement de transition du Mali se dresse contre les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’Accord de la part des autorités algériennes dont le pays est le chef de file de la médiation, tels que mentionnés dans le communiqué n°064 du 25 janvier 2024 du gouvernement de la transition.
L’Algérie prêche dans le désert !
Après avoir pris connaissance de cette dénonciation de l’Accord, l’Algérie a exprimé beaucoup de regrets et une profonde préoccupation. C’est avec consternation et philosophie que le pays de Bouteflika a pris acte de la décision des autorités maliennes. « L’Algérie prend acte de cette décision dont elle tient à relever la gravité particulière pour le Mali lui-même, pour toute la région qui aspire à la paix et à la sécurité, et pour l’ensemble de la communauté internationale qui a mis tout son poids et beaucoup de moyens pour aider le Mali à renouer avec la stabilité par la réconciliation nationale », lit-on dans le communiqué.
L’Algérie pense avoir un devoir d’information envers le peuple malien frère. Ce dernier, dit le communiqué, sait que l’Algérie n’a jamais failli à travailler à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, avec sincérité, bonne foi et solidarité indéfectible envers le Mali frère. Mais c’est cette « bonne foi » algérienne qui n’a pas passé chez les Maliens.
Selon le communiqué algérien, le peuple malien doit aussi savoir et doit se convaincre que la longue liste des raisons invoquées à l’appui de la dénonciation de l’Accord ne correspond absolument ni de près ni de loin à la vérité ou à la réalité. A ce niveau, les dirigeants algériens doivent aussi savoir que leurs homologues du Mali ne leur font plus confiance. Ici, il faut croire en cette citation de l’intellectuel complet de la France, Jean-Paul Sartre qui dit : « La confiance se gagne par goutte et se perd par litre ».
Le communiqué dit aussi qu’il n’a échappé à personne que les autorités maliennes préparaient cette décision depuis bien longtemps. « Les signes avant-coureurs depuis deux ans en ont été leur retrait quasi-total de la mise en œuvre de l’Accord, leur refus quasi-systématique de toute initiative tendant à relancer la mise en œuvre de cet Accord, leur contestation de l’intégrité de la médiation internationale, leur désignation de signataires de l’Accord, dûment reconnus, comme dirigeants terroristes, leur demande de retrait de la Minusma, l’intensification récente de leurs programmes d’armement financés par des pays tiers et leur recours à des mercenaires internationaux. Toutes ces mesures systématiquement mises en œuvre ont soigneusement préparé le terrain à l’abandon de l’option politique au profit de l’option militaire comme moyen de règlement de la crise malienne », dit l’Algérie.
En écoutant l’Algérie parler ainsi, l’on se rend compte qu’elle n’arrive pas à digérer ce que les autorités de la transition font au Mali. Sinon, la demande de départ de la Minusma par Bamako n’est pas récente. Aussi on se demande si les autorités maliennes n’ont pas le droit d’outiller leur propre armée. Ne dit-on pas que qui veut la paix prépare la guerre ? En plus de tout cela, l’Algérie n’arrive pas à gommer le recours du Mali à Wagner pour sécuriser son territoire. Cela est un choix car l’Algérie ne peut pas décider à la place des Maliens.
Ce pays pense que le peuple malien frère doit savoir que des décisions aussi malheureuses et aussi malvenues ont prouvé par le passé que l’option militaire est la première menace à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali, qu’elle porte en elle les germes d’une guerre civile au Mali, qu’elle diffère la réconciliation nationale au lieu de la rapprocher et qu’elle constitue enfin une source de menace réelle pour la paix et la stabilité régionales. « Le Mali a toujours besoin de paix et de réconciliation. Il n’a aucun besoin de solutions qui ne lui ont apporté par le passé que déchirements, destructions et désolations. Répéter ces erreurs du passé, c’est prolonger indûment la tragédie et les malheurs pour le Mali et pour le peuple malien frère », lit-on dans le document algérien.
Tout cela est vrai mais dans le contexte malien, l’option militaire est intervenue après l’échec du dialogue avec les séparatistes que les sponsors étatiques appuient pour la partition du Mali. Les autorités algériennes sont-elles informées sur le Mali ? Sinon le président Goïta envisage un dialogue inter-malien dont les préparatifs sont en cours pour trouver les solutions maliennes aux problèmes maliens. Le jeu des autorités de transition en vaut la chandelle car il faut imposer la paix à ceux qui ne la veulent pas.
Engagées depuis leur prise du pouvoir, les autorités maliennes mouillent le maillot pour sauvegarder l’intégrité territoriale. La réussite de la transition passe par-là. Cette ambition passe avant tout projet de développement.