Arrêtés le 20 juin 2024, alors qu’ils participaient à une réunion au docile privé d’un de leurs, les 11 détenus politiques membres de la Coalition signataire de la déclaration du 31 mars 2024, sont sur le point de recouvrer leur liberté. En tout cas si l’on s’en tient à la décision des juges du tribunal de première instance de la Commune V du District de Bamako, qui auraient ordonné leur libération. La décision a été rendue le 9 septembre, mais, il nous est revenu que malgré la décision du juge d’instruction du Tribunal de première instance de la Commune V du District de Bamako, les 11 leaders politiques sont toujours en détention. Donc leur sort est entre les mains du parquet qui doit se prononcer sur l’exécution de l’ordonnance. En effet, le procureur de la commune V a une semaine pour se prononcer et Le Procureur Général de la Cour d’Appel de Bamako a deux semaines pour donner une suite favorable à la décision du juge ou faire un pourvoi. Donc les regards sont tournés vers les procureurs qui ont désormais entre leurs mains le pouvoir de décrisper l’atmosphère politique ou de la crisper davantage au détriment de la démocratie et des libertés, chèrement acquises au prix de sacrifices ultimes des milliers de maliens.
Encore une fois de plus faudrait-il bien que les autorités actuelles du Mali quel que soit leurs statuts soient convaincues que la démocratie, conquise au prix d’énormes sacrifices, fruit des longues années de lutte des patriotes, est irréversible ? Elle est pour l’instant la seule alternative crédible qui s’offre au vaillant peuple malien pour gérer le pays, les autres ayant montré leurs limites. En effet, qui parle de démocratie parlera forcement des partis politiques et par conséquent leurs leaders tout comme leurs adhérents sont les véritables animateurs de la vie publique, les seuls habilités à concourir aux suffrages du peuple et à gérer les affaires publiques, ils sont en amont comme en aval de toute action politique voir publique. Vouloir mettre fin aux activités des partis politiques c’est non seulement violer la Constitution qui leur consacre une large part, mais c’est également mettre entre parenthèses la démocratie pour la promotion de laquelle ils ont un rôle central à jouer.
Sous transition militaro-civile depuis 2020, les autorités ont mis le Mali au ban des nations non-démocratiques et non-progressistes en l’isolant, et en violant les libertés les plus fondamentales comme les libertés d’association, d’expression voire d’opinion. L’arrestation des 11 leaders politiques est la preuve d’un déficit total de démocratie et des libertés. Leur libération serait un pas significatif vers la décrispation de l’atmosphère politique et vers la réconciliation, toutes choses nécessaires avant le début du processus électoral pouvant permettre de doter le pays d’institutions légitimes et légales. Aucune réconciliation ne pourrait être possible lorsque certains acteurs majeurs sont privés de leurs droits fondamentaux. La preuve c’est le boycott par les militants et cadres des partis politiques et surtout de leur regroupement politique de certaines activités organisées par les autorités, en l’occurrence le cadre de concertation avec l’AIGE, celle organisée par le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation et même la Commission d’élaboration de la Charte pour la paix et la réconciliation. Que les autorités comprennent que sans un minimum de consensus, sans une concertation de toutes les forces vives de la nation autour des grandes questions, rien de durable ne peut être construit. Elles doivent alors s’engager dans un vaste chantier de réconciliation en ne laissant personne au bord de la route, c’est à ce prix seulement qu’elles pourront mener le bateau Mali à bon port avec la mise en place d’institutions véritablement légitimes.