Le 25 septembre de chaque année sera consacré Journée Internationale de la langue Soninké. Ainsi en a décidé l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), pour le plus grand bonheur de plusieurs millions de soninkés à travers le monde. Pour célébrer l’événement, une cérémonie digne de sa portée culturelle lui a été consacrée et a massivement mobilisé dans les milieux soninkés où la décision est accueillie comme une fierté continentale. Elle sera en revanche vivement contestée par le président de la «commission santé» de l’organe législatif de transition, Aboubacar Sidiki Fomba, connu sous des cieux comme le Dieu de la Mer. Alors que cette reconnaissance de la langue soninké est considérée comme une victoire de la culture et de l’identité africaines – voire un tournant dans la promotion de la diversité culturelle et linguistique et la préservation du patrimoine culturel africain -, l’Honorable Fomba y voit plutôt la manœuvre française pour diviser davantage les Maliens, alimenter des frustrations et mettre dos à dos les communautés comme cela a été le cas pour les Dogons et les Peulhs dans le Centre. Les mêmes procédés avaient alimenté la rébellion touarègue, selon les explications du tonitruant membre du CNT qui ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Dans ses ardeurs contestataires et son hostilité à l’Unesco, il est allé jusqu’à préconiser le Bambara en lieu et place du soninké, au motif qu’elle est la langue la plus parlée au Mali. Insinuant par ailleurs que la communauté soninké manque de discernement, B S Fomba l’invite à la prudence vis-à-vis d’une France sur laquelle les autorités maliennes transition font peut-être trop de fixation. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère et l’indignation de cette puissante communauté qui réclame, ni moins ni plus, l’abrogation du décret de nomination du président de la commission de la Santé. Une lettre a même été adressée au Conseil National de Transition (CNT) par la Présidente de l’Union Française des Accompagnateurs et Animateurs en Montagne (UFAM), Binta Jean Bittard. Et, selon nos sources, une réunion des responsables de cette communauté s’est tenue autour de l’ex Président de la Transition de 2012, Pr Dioncounda Traoré. Une manifestation de mécontentement aurait même été étouffée à la suite d’une rencontre avec le Président de la Transition, Assimi Goita.
Toujours, selon nos recoupements, les soninkés prévoient de saisir les juridictions compétentes du pays pour traduire devant le barreau le très bavard connaisseur de tous les dossiers de l’organe législatif de la transition. Comme quoi, cette sortie du conseiller du CNT, si elle n’est bien gérée, pourrait créer une crise de confiance entre les autorités de la transition et la communauté soninké. Et ces différentes composantes pourraient bien s’en souvenir au moment opportun et agir en conséquence lors de la présidentielle à venir où l’un des dirigeants actuels de la transition pourrait afficher des ambitions à défaut de porter une autre candidature.
En attendant, le conseiller Fomba est restée dans ses bottes dans une nouvelle sortie et demeure membre du CNT.