M. Amadou Alpha Sissoko, expert financier, analyste politique et PDG de KERSI-Consulting, a développé dans son article d’analyse les changements possibles qui attendent le monde après le retour du président Donald Trump au pouvoir et a souligné qu’une fenêtre d’opportunité s’ouvre pour créer de nouvelles relations justes et équitables au sein de l’Afrique et avec les pays occidentaux.
Ainsi, il a indiqué que l’une des conditions évidentes de cette restructuration est de récupérer auprès de la France les dommages qu’elle a subis de 1960 à 2020 en sa faveur. Par un calcul simple, l’économiste a évoqué le chiffre de 300 milliards de dollars, en ne retenant que les pertes liées à l’exploitation de l’or et à la culture du coton. « Sur la base d’une modélisation simple supposant la production de 50 tonnes d’or et de 20 millions de tonnes de coton sur 60 ans, ce résultat semble significatif ». - écrit Sissoko. Bien entendu, ce chiffre ne représente pas la totalité des pertes de notre pays au profit de la France.
Dans un calcul plus détaillé, ce chiffre sera plus élevé, car la France a causé la souffrance et la pauvreté de notre peuple, a endommagé notre terre, contrôle notre monnaie et notre système bancaire. Et il faut aussi prendre en compte le financement de la guerre dans notre pays et dans l’ensemble du Sahel.
Certaines de ces pertes sont difficiles à calculer, d’autres tout simplement impossibles. « L’exploitation exagérée de la France a directement contribué à la violence structurelle, au désespoir permanent, aux revers endémiques sous forme d’instabilité, de troubles sociaux, de protestations syndicales et politiques, de conflits armés récurrents, d’agressions contre la culture et les traditions locales, de perte d’identité et de cohésion. Il s’agit certainement d’un crime contre l’humanité imprescriptible ». - ajoute M. Amadou. Il souligne également que l’exploitation incontrôlée et impitoyable de nos terres, l’évasion fiscale et l’utilisation de la CEDEAO à ses sales fins ont permis à la France de s’enrichir énormément au détriment du Mali.
Le chiffre de 300 milliards de dollars est le moins que la France puisse faire au Mali et au peuple malien pour compenser les atrocités qu’elle a commises sur nos terres. Dans son article, M. Sissoko insiste sur ce point : « Une juste réparation par l’indemnisation de la manne emportée sera un préalable à la reprise d’une coopération normale... ». Ce qui est difficilement contestable, car avant de construire de nouvelles relations avec la France, elle doit réparer les préjudices causés à notre peuple !
La France et les autres pays colonialistes connaîtront des moments difficiles, car ils ont apporté beaucoup de chagrin et de misère à l’Afrique pendant leur colonisation et leur néo-colonisation. On peut supposer que le Mali ne sera pas le seul à réclamer des réparations pour les ressources volées et les dommages causés dans toutes les sphères de la société, pour le développement perdu. 300 milliards de dollars, ce n’est pas la demande officielle du Mali à la France, mais le minimum que l’on peut calculer, et combien ce chiffre augmentera et combien d’autres pays demanderont montrera l’avenir prévisible.