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L’Essor N° 17545 du 29/10/2013

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Cancer de l’estomac : redoutable pathologie
Publié le mardi 29 octobre 2013  |  L’Essor




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Même en cas de prise en charge chirurgicale, les chances de survie sont de moins de 20% en 5 ans. D’où l’urgence de porter des efforts sur la communication.
L’estomac est très souvent le siège d’un redoutable cancer qui représente un véritable problème de santé publique à l’échelle planétaire. Les statistiques fournies par le Pr Anselme Konaté hépato-gastro-entérologue au centre hospitalo-universitaire (CHU) Gabriel Touré font froid dans le dos. L’incidence de ce cancer est en moyenne de 1 million de nouveaux cas par an dans le monde. Il est le 4è cancer le plus répandu dans le monde. En Afrique, 15 cas de cancer de l’estomac sont observés chez 100 000 hommes. Pour la gent féminine c’est 8,5% de cas pour le même dénominateur. Une étude scientifique atteste que le cancer de l’estomac occupe le 2è rang des cancers chez l’homme en Afrique. Notre pays n’est pas en marge de ce sinistre tableau épidémiologique du cancer de l’estomac.

Il représente chez nous aussi le 2è cancer chez l’homme après celui du foie et le 3è cancer chez la femme après les cancers du col de l’utérus et du sein. Sans être alarmiste, le Pr Anselme Konaté de l’hôpital Gabriel Touré qui fait autorité dans sa discipline scientifique dans notre pays voire à l’échelle africaine se veut on ne peut plus clair. Même traités, les chances de survie pour les malades sont de moins de 20% en 5 ans. En d’autres termes 80% des personnes traitées de ce cancer ne dépassent pas les 5 ans de traitement. Nous reviendrons un peu plus loin sur ces aspects du cancer de l’estomac, une pathologie qui touche plus les hommes avec un ratio de 2/1. Le spécialiste de l’hôpital Gabriel Touré explique que le cancer de l’estomac survient rarement avant 50 ans.

Il apparaît généralement chez les 50-70 ans. Notre interlocuteur reconnaît qu’ il existe des facteurs de risque, notamment les états précancéreux, c’est-à-dire des situations pathologiques pouvant engendrer le cancer. A titre d’exemple, le Pr Anselme Konaté rappelle que la gastrite chronique atrophique généralement liée à un helicobacter pylori. Un autre facteur de risque est l’ulcère chronique de l’estomac. A cet effet, notre interlocuteur souligne la nécessité de surveiller tout cas d’ulcère chronique de l’estomac authentifié par une fibroscopie parce que pouvant aboutir à un cancer de l’estomac. Par contre le « grand maître » en hépato-gastro-entérologie, pour éviter toute confusion s’empresse de préciser que l’ulcère duodénal n’évolue pas vers le cancer. Facteurs alimentaires et génétiques.

Des risques sont également liés aux magnons de gastrectomie après une anastomose (connexion des deux bouts) qui sont susceptibles de se cancériser, aux polypes gastriques, c’est-à-dire des tumeurs bénignes, à l’helicobacter pylori que l’on retrouve, selon notre interlocuteur dans 80% des cas de cancer d’estomac. Par ailleurs, le Pr Anselme Konaté évoque aussi des risques pouvant être liés à l’alimentation. A ce propos, il note que les aliments riches en sel, en viande, en poisson et en féculent, apportent beaucoup à l’organisme mais ils peuvent être aussi des facteurs de risque de cancer de l’estomac. Le professeur déconseille une forte consommation du sel qui à travers les nitrosamines (des composés chimiques extrêmement dangereux) peut favoriser le cancer de l’estomac. En revanche, l’hépato-gastro-entérologue indique que les fruits, les légumes riches en vitamine C et les laitages (le lait et ses produits dérivés) sont protecteurs.

Le spécialiste cite l’exemple du Japon qui a pu réduire de 50% les cancers de l’estomac du fait de la réfrigération. Ceci permet d’éviter le fumage et la salaison des aliments. L’hépato-gastro-entérologue de Gabriel Touré souligne aussi des facteurs génétiques comme des facteurs à risque. A ce propos, le risque d’être atteint de cancer de l’estomac est multiplié par 3 lorsqu’on a un parent de premier degré (père, mère, frère) ayant souffert de ce redoutable cancer. La pathologie évolue sans signes spécifiques. Mais les spécialistes expliquent qu’on peut constater chez les malades du cancer de l’estomac une altération de l’état général (fatigue, amaigrissement, un manque d’appétit). Il peut y avoir aussi des douleurs au niveau de l’épigastre voire des vomissements.

On peut également observer une difficulté à avaler les aliments (dysphagie), une hémorragie digestive et dans certains cas (mais cela est vraiment rare) une perforation de l’estomac ainsi qu’une trombophlébite. Les spécialistes remarquent quelque fois aussi des douleurs musculaires et neurologiques chez les personnes atteintes de cancer de l’estomac et s’accordent à reconnaître que le diagnostic de la maladie se confirme par fibroscopie aeso-gastro duodénale et par biopsie (prélèvements de fragments pour analyses hystologiques). Le traitement du cancer de l’estomac est chirurgical, confirme le praticien de Gabriel Touré, afin d’offrir une possibilité de guérison au malade.

En d’autres termes, il faut comprendre qu’on peut en guérir si le diagnostic est fait précocement pour une meilleure prise en charge chirurgicale. Mais notre interlocuteur prévient lorsque le cancer est dépassé, c’est-à-dire lorsqu’il se métastase, la possibilité d’intervention s’écarte. A ce niveau, les médecins ont recours à des traitements palliatifs. Il peut y avoir la chimiothérapie, la radio chimiothérapie et les méthodes de dérivation chirurgicale. Mais le praticien se veut réaliste. Même en cas de traitement chirurgical les récidives sont fréquentes. Le plus important reste la prévention à travers une surveillance des états précancéreux. D’où l’urgence et la nécessité d’accomplir des efforts de communication pour sensibiliser la population sur les facteurs de risque.

B. DOUMBIA

Antirétroviraux : toujours très coûteux

Les médicaments de première ligne continuent de baisser mais les nouveaux antirétroviraux (ARV) peuvent être, 12 fois plus coûteux, en Afrique subsaharienne, selon un rapport publié par Médecins sans frontières (MSF). Les formules pédiatriques sont également plus coûteuses que les antirétroviraux pour adultes : traiter un enfant pendant un an peut coûter jusqu’à 816 dollars américains, alors que la même trithérapie pour adultes ne coûte que 182 dollars. Selon Martha Darder, la porte-parole de MSF en Afrique du Sud, une telle situation pourrait réduire le nombre de patients sous antirétroviraux (ARV), des médicaments susceptibles de prolonger leur espérance de vie.

En outre, si ces prix ne diminuent pas rapidement, le gouvernement sud-africain devra accroître considérablement le budget qu’il consacre aux ARV au cours des prochaines années. Les antirétroviraux de première ligne sont administrés au début du traitement. Par la suite, lorsque les patients commencent à développer une résistance à ces médicaments, on leur en prescrit de «deuxième ligne». En Afrique du Sud, peu de séropositifs ont développé une résistance, le programme de traitement venant juste d’être lancé. A Khayelitsha, une commune située près de la ville du Cap, l’un des programmes de traitement antirétroviral de MSF, financé par des fonds privés, a montré que seuls 12 pour cent des patients qui avaient commencé le traitement il y a trois ans avaient besoin de passer aux médicaments de deuxième ligne. Toutefois, selon le rapport, de plus en plus de séropositifs vont inévitablement développer une résistance aux médicaments de première ligne.

Selon MSF, le coût prohibitif des médicaments de deuxième ligne s’explique principalement par l’absence de concurrence dans ce secteur. Il en va ainsi du Kaletra, un cocktail coûteux d’antirétroviraux (lopinavir et ritonavir) prescrit en Afrique du Sud dans le cadre du traitement de deuxième ligne : seuls les laboratoires Abbott, une société pharmaceutique internationale, le fabriquent aujourd’hui. Un générique équivalent au Kaletra est en cours de production mais il n’a pas encore été approuvé. «S’il n’y a pas de concurrence entre les sociétés pharmaceutiques, les prix restent élevés», a déclaré Darder, avant d’observer que le gouvernement était tenu de garantir la concurrence sur le marché des ARV. Les génériques ont permis de réduire les prix de la plupart des antirétroviraux de première ligne, qui sont passés de 10 000 dollars en 2000 à tout juste 150 dollars par patient et par an en juin 2004.

La différence de prix considérable qui existe entre ces types de médicaments s’explique également par l’adoption, cette année, de la réforme de la loi indienne sur les brevets. Membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMS), l’Inde a dû modifier sa loi sur les brevets pour la rendre conforme à l’Accord sur les droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). Selon la réforme, l’Inde, qui fait partie des plus grands producteurs mondiaux de médicaments génériques, doit désormais reconnaître (et donc payer) les brevets de ces médicaments. Ce système pourrait permettre au détenteur d’un brevet d’être le seul producteur de son nouveau médicament et d’en fixer le prix.

Selon MSF, le prix de certains médicaments brevetés demeure très élevé pour les pays en voie de développement. De nombreuses sociétés pharmaceutiques ne réduisent pas leurs prix pour les consommateurs des pays aux revenus intermédiaires, tels que l’Afrique du Sud, le Swaziland ou la Namibie. MSF a toutefois précisé qu’il existait quelques exceptions à ces restrictions imposées en fonction des revenus de chaque pays : Gilead et Bristol-Myers Squibb, deux géants de l’industrie pharmaceutique, ont récemment décidé d’appliquer leur politique de prix réduits à certains pays aux revenus intermédiaires et GlaxoSmithKline propose désormais ses produits à prix réduits dans tous les pays bénéficiaires de l’aide du Fonds mondial.

Néanmoins, il existe un autre obstacle à l’accès aux traitements : les sociétés pharmaceutiques ne commercialisent pas toujours tous leurs antirétroviraux dans les pays qui peuvent prétendre à une réduction des prix. D’après le rapport, MSF aurait eu des difficultés à acheter des médicaments à prix réduits pour ses programmes de traitement antirétroviral. Dans bien des cas, même dans les pays les plus pauvres du monde, tels que le Mozambique ou le Cambodge, l’organisation a dû importer une partie de ses médicaments de pays voisins. Le rapport reproche aux sociétés pharmaceutiques de rendre «trop complexe» l’achat de médicaments à prix réduits. Les produits à prix réduits du laboratoire Roche, par exemple, doivent être commandés à partir de Basel, en Suisse, et payés en francs suisse, une exigence particulièrement difficile à satisfaire pour les pays en voie de développement.

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