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Maroc : le sprint vers l’Afrique subsaharienne
Publié le mercredi 2 avril 2014  |  Le Point


© aBamako.com par mouhamar
Départ de sa Majesté Roi Mohamed VI


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Le roi Mohammed VI fait sienne de manière pragmatique cette citation selon laquelle "le Maroc est comme un arbre dont les racines plongent en Afrique avec une frondaison qui respire en Europe".

Le tropisme africain du Maroc n'est pas nouveau. "Le royaume est un pays qui plonge ses racines en Afrique et dont la frondaison respire en Europe", avait coutume de dire le roi Hassan II. Ces dernières années, l'intérêt du Maroc pour le continent noir, surtout francophone, s'est accru au fur et à mesure que ces pays africains, hier délaissés, apparaissaient soudain, au moins pour certains d'entre eux, promis à un avenir prometteur. "Les nouveaux tigres", dit-on.

Le roi Mohammed VI a donc fait six voyages au Gabon depuis le début de son règne - il entretient des relations amicales depuis l'enfance avec le président Ali Bongo Ondimba -, quatre au Sahel et en Afrique centrale en 2013-2014, dont deux au Mali.

Pour le royaume chérifien, le premier intérêt est d'abord économique. Les hommes d'affaires marocains cherchent de nouveaux marchés et le continent noir, où se constitue une vaste classe moyenne de 150 millions d'habitants, est prometteur. Les échanges commerciaux entre l'Afrique et le Maroc sont encore embryonnaires, 2,5 % du commerce marocain, mais 85 % des investissements marocains à l'étranger se font déjà en Afrique. Ils ont augmenté de 200 % depuis 2000. Il est vrai qu'ils partaient de rien.
Les atouts des entreprises marocaines

Concrètement, ils commencent à sérieusement concurrencer, voire devancer, les Turcs, les Indiens, les Brésiliens... en Afrique francophone. Les Marocains sont dans les banques, les phosphates (OCP), la construction, les cimenteries, les télécoms, la pêche, le transport aérien (Royal Air Maroc), mais aussi la formation (Institut supérieur de commerce et d'administration des entreprises), sans oublier les bourses à l'intention des étudiants africains qui viennent dans les universités marocaines ou la suppression des visas et l'attribution de permis de séjour de longue durée pour nombre de ressortissants africains.

Pour réussir, le Maroc a des atouts que des entreprises européennes n'ont pas. "Leurs responsables ont souvent une connaissance du terrain, des techniques et des sociétés plus proches de celles des pays où ils interviennent que les entreprises internationales. Les sociétés marocaines vont accepter de prendre de plus grands risques financiers et leurs coûts sont généralement inférieurs, ce qui les rend plus intéressants pour les Africains", explique Jean-Michel Severino, directeur général de Investisseurs et Partenaires, un fonds d'investissement pour les PME africaines et ex-DG de l'Agence française du développement. Le Maroc a une grande ambition dans ce domaine : servir de "hub" entre les Occidentaux et l'Afrique et mettre son expérience africaine au service des entreprises européennes ou américaines qui investissent en Afrique noire. Quitte à s'y associer, comme c'est déjà le cas avec des entreprises françaises.
Lutter contre le djihadisme au Sahel

Le deuxième objectif du Maroc est politique. Le Maroc souhaite réintégrer l'Union africaine, dont il a claqué la porte en 1984 lorsqu'une majorité de pays du continent ont soutenu l'entrée de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) dans l'Organisation de l'union africaine. Le temps a passé. Rabat a réalisé que la politique de "la chaise vide" a été une erreur. La question du Sahara n'est pas réglée. Le Maroc voudrait convaincre certains pays, en particulier des poids lourds du continent comme le Nigeria, de changer de politique. L'Afrique du Sud fait obstruction.

Enfin, le troisième objectif est sécuritaire. Le royaume est soucieux de ne pas laisser se développer au Sahel, à ses frontières sud, une zone où les djihadistes se promèneraient en toute quiétude. Sans tambour ni trompette, Rabat a apporté une aide à l'opération française Serval au Mali. Et les accords de coopération sécuritaire se sont multipliés ces dernières années avec des pays comme la France, l'Espagne, la Belgique pour échanger des informations sur les réseaux terroristes, harmoniser les aspects juridiques de la lutte contre les djihadistes et l'immigration clandestine.

Car le Maroc a aussi accepté d'être un verrou qui freinerait l'arrivée des immigrants africains vers l'Europe. Il a proposé de régulariser les clandestins déjà présents sur son sol depuis plus de cinq ans, qu'il estime au nombre de 3 000 à 4 000. Un chiffre inférieur à la réalité. Les immigrants sont des dizaines de milliers au nord du royaume, incapable de contrôler ses frontières sahariennes, poreuses. Les jeunes Africains ne rêvent que d'Europe et ne souhaitent pas rester au Maroc.

Le dernier atout du Maroc, et non des moindres, est religieux. La monarchie marocaine entretient une relation historique avec les pays sahéliens (en particulier le Sénégal, la Guinée, le Mali) à travers les confréries religieuses, entre autres. Elle va financer la construction et la rénovation de mosquées et enseigner l'imam malikite, tolérant, une des quatre écoles théologiques musulmanes pratiquées au Maghreb.

Lors de ses deux derniers voyages au Mali (été 2013 et mars 2014), Mohammed VI a proposé de former 500 imams maliens au Maroc, persuadé que l'ignorance religieuse était la meilleure des propagandistes de l'extrémisme. La Guinée mais aussi la Tunisie et la Libye ont demandé au Maroc de former leurs imams.

Par Mireille Duteil


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