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L’Indépendant N° 3471 du 2/4/2014

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Le président du parti MODEC, l’ex-député Konimba Sidibé « IBK gagnerait en mettant rapidement en place un gouvernement de combat » « Les commentaires dans la presse sur »différentes affaires » ne doivent pas le laisser indifférent »
Publié le mercredi 2 avril 2014  |  L’Indépendant


© Autre presse par DR
Konimba SIDIBE, président du MODEC


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Les élections générales de 2013, l’état de la nation sous la conduite du président Ibrahim Boubacar Kéita, la situation à Kidal, la lutte contre la corruption, la procédure judiciaire contre les chefs de l’ex-junte, la santé du parti Mouvement pour un destin commun (MODEC) dont il préside aux destinées…

Dans une interview exclusive, l’ancien député et vice-président de l’Assemblée nationale, non moins ancien ministre chargé du Contrôle général d’Etat aborde toutes ces questions avec la lucidité qui le caractérise. Pour ce grand commis de l’Etat et agrégé d’économie générale et gestion, le président de la République doit rapidement mettre en place un » gouvernement de combat » et il ne doit pas être indifférent par rapport aux commentaires le concernant dans la presse.

L‘ Indépendant : Bientôt, le MODEC va célébrer son premier anniversaire. Quels sentiments vous animent à cette occasion?

Konimba Sidibé : Un sentiment de gratitude vis-à-vis de toutes et tous ceux qui ont accepté de nous rejoindre et ou de nous soutenir pour relever le défi de bâtir un parti de type nouveau dans notre pays. Un sentiment de satisfaction aussi parce que l’implantation du MODEC dans le pays et à l’étranger a été beaucoup plus rapide que prévu, un parti qui se porte très bien à ce jour.

Vous avez participé aux élections générales de 2013 avec des résultats en deçà de vos attentes. Quel bilan faites-vous de cette participation ?

En ce qui concerne le MODEC dans son ensemble, nous sommes plutôt satisfaits, car les élections générales ont permis de donner un élan formidable à son implantation. L’extrême jeunesse du parti (créé seulement 3 mois avant les présidentielles et 6 mois avant les législatives), l’inexpérience de nos candidats en matière d’élection voire en politique tout court et la faiblesse de nos moyens financiers ne nous ont pas permis d’avoir des élus, chose que nous regrettons. En ce qui me concerne personnellement, les législatives ne se sont pas bien passées pour moi dans ma circonscription électorale, puisque j’ai perdu contre toute attente.

Konimba Sidibé que l’on pensait imbattable à Dioïla a été terrassé ?

Personne n’est imbattable en politique dans le contexte des élections au Mali. Je suis d’autant plus facile à battre que la fin ne justifie pas tous les moyens pour moi. Je préfère ne pas être réélu que de recourir à des méthodes contre lesquelles je me suis battu toute ma vie, le sens même de mon engagement politique de plus de 30 ans au service du peuple malien.

Et pourtant, mon bilan de député sortant était unanimement salué dans le Cercle de Dioïla et bien au-delà. L’argent a « trop parlé » dans cette élection à travers les achats de votes. En homme politique averti, je savais qu’un bilan ne suffit pas pour être réélu, mais tout de même. Je pensais très sincèrement que la crise que traverse le pays serait facteur d’un sursaut national en faveur d’un vote plus centré sur l’intérêt général. Je me suis lourdement trompé.

Vous ne vous doutez pas que la bataille que j’ai menée à l’Assemblée nationale n’était pas du goût de tous, notamment ceux qui vivent de l’argent mal acquis sur le dos de notre peuple et tous ceux pour qui la politique n’est qu’alimentaire. Ils se sont ligués contre moi pour m’abattre à Dioïla. Ils ont pu me battre mais pas m’abattre car je reste débout pour poursuivre la lutte, plus déterminé que jamais. Je ne suis pas de ceux qui rendent les armes, qui renoncent ou qui capitulent devant l’adversité.

Depuis septembre 2013, Ibrahim Boubacar Kéita est au pouvoir à l’issue de la présidentielle. Quelle appréciation faites-vous de ses six mois et plus à la tête du Mali ?

C’est trop tôt pour faire un bilan, mais j’ai le sentiment qu’il a ouvert trop de dossiers délicats en même temps. Je souhaite vivement qu’il réussisse car son échec serait très grave pour notre pays dans les circonstances actuelles. Il gagnerait à mettre en place rapidement un gouvernement de combat (pour utiliser les termes de François Hollande) pour faire avancer les grands dossiers pendant cette période de grâce postélectorale, car le désamour avec le peuple se produit souvent plus vite que prévu. Les commentaires abondants faits dans la presse sur « différentes affaires »depuis son élection ne doivent pas le laisser indifférent. En politique, comme dans d’autres domaines d’ailleurs, la perception qu’ont les populations des faits sont tout aussi importants, sinon plus dans certains cas, que les faits eux-mêmes.

Le MODEC est un allié du pouvoir. Etes-vous satisfait de la gestion du pouvoir ou de l’alliance entre le RPM et les partis non représentés à l’Assemblée nationale ?

Le MODEC est effectivement un allié du pouvoir dans le sens où nous avons soutenu le candidat IBK au deuxième tour de l’élection présidentielle et continuons à le soutenir. Ce soutien justifie, d’ailleurs, mon silence sur beaucoup de questions depuis les élections pour ne pas le gêner, un silence que beaucoup me reprochent de plus en plus.

En ce qui concerne la gestion du pouvoir par contre, nous ne sommes pas des alliés pour le moment puisque nous n’y sommes impliqués à aucun niveau. Je n’ai même pas eu l’occasion de rencontrer le président IBK depuis son élection pour échanger avec lui sur un certain nombre de questions faute d’avoir pu obtenir une audience après plusieurs sollicitations.

Le MODEC n’a pas d’alliance non plus avec le RPM et rien ne me permet d’ailleurs de croire qu’il soit demandeur à ce sujet. Pour ce qui est des autres partis, j’avoue ne pas être au courant du fonctionnement de leur alliance avec le RPM.

La rumeur vous avait annoncé au gouvernement Oumar Tatam Ly ou que vous seriez chargé de faire l’audit du pays. Qu’en est-il ?

Le constat est que je n’y suis pas et je n’ai jamais été sollicité non plus pour faire l’audit en question. Ces rumeurs restent donc des rumeurs.

Les grands chantiers de la nation sont la lutte contre la corruption, Kidal, la procédure judiciaire contre les chefs de l’ex-junte, etc. Quelle analyse faites-vous de ces questions ?

L’intégrité territoriale et la souveraineté du pays sont la première préoccupation de tous les Maliens aujourd’hui, et donc la situation de Kidal. C’est une question extrêmement complexe pour laquelle les marges de manœuvres de nos autorités sont limitées dans le contexte actuel. Sa solution prendra du temps en raison des considérations géostratégiques. J’apprécie le cape pris par le président IBK comme beaucoup de nos compatriotes. Mais après avoir fait les capitales de tous les partenaires importants du Mali dans ce dossier, il doit chercher à aller un peu plus vite désormais pour éviter l’enlisement et la démobilisation de nos concitoyens.

La lutte contre la corruption au sens large, c’est-à-dire tout abus de position de fonction publique au profit d’intérêts privés et au détriment de l’intérêt général, est bien plus compliquée qu’on ne le croît car elle est devenue le soubassement de la gestion des affaires publiques dans nos pays. Beaucoup la dénoncent à haute voix mais la pratiquent allègrement. Le président IBK devrait être beaucoup plus prudent quand il aborde cette question dans ses discours publics. Dans ce domaine, le discours est très vite décrédibilisé par les faits. Les nominations aux postes de responsabilité de l’Etat, à commencer par le gouvernement, sont l’un des premiers baromètres à ce sujet, et elles n’ont malheureusement pas toutes été heureuses.

Pour ce qui concerne la procédure judiciaire contre les chefs de l’ex-junte, personne n’est au-dessus de la loi et cela doit prévaloir pour les chefs de l’ex-junte comme pour leurs adversaires, ce qui ne semble pas être le cas actuellement.

Etait-ce le meilleur moment pour engager ces procès ? J’ai tendance à croire qu’il aurait été plus judicieux d’avancer suffisamment dans la résolution de la question de Kidal avant d’engager ces procès, sauf si les chefs en question constituaient une menace pour les nouvelles autorités. Beaucoup de ceux qui ont fréquenté les couloirs de l’ex-junte pour passer à « la mangeoire » les traitent de tous les noms d’oiseau aujourd’hui pour être dans l’air du temps et continuer à bénéficier des prébendes. Ils font simplement pitié. Si ce procès se tient correctement et en toute transparence, beaucoup de gens occupant des postes de responsabilité importante y laisseront leur peau. Ce serait tant mieux s’il permet de débarrasser l’appareil d’Etat de la chienlit. C’est la bataille que tous les patriotes engagés devraient mener dans ce procès.

Quid de l’actualité relative à la mise en accusation « pour corruption » du président IBK par le journal » Le Monde » ?

Il est prématuré pour faire un commentaire sur cette affaire qui pourrait avoir une suite judiciaire comme le gouvernement l’a annoncé.

Il y a toujours un attentisme par rapport à la formation du gouvernement post-législatives. Votre analyse…
L’attentisme par rapport à la formation du gouvernement post-législatives a plusieurs facettes.
Il y a d’abord des ministres préoccupés par savoir à quelle sauce on va les manger et leur action en est plombée pour éviter de commettre des erreurs ou fautes qui risquent de leur coûter leur poste. Cela n’est pas bon pour le pays

Ensuite, il y a ceux qui sont dans l’attente d’un poste ministériel, eux se taisent pour ne pas prendre le risque de ruiner leur chance en tenant des propos qui pourraient déplaire au président IBK. Cela n’est pas bon pour le pays non plus car le président a besoin qu’on lui dise la vérité sur les questions majeures. Il y a enfin la grande masse des Maliens qui attendent le gouvernement de rupture du président IBK, un gouvernement composé d’hommes et de femmes patriotes, intègres, compétents et exemplaires à tous égards. Ils pensent que ce premier gouvernement a été mis en place pour gérer les affaires courantes et organiser les élections législatives et attendre le vrai gouvernement de IBK.

Votre mot de la fin
Ne jamais se résigner, ne jamais baisser les bras, ne jamais reculer devant ceux qui ont mis notre pays en pièces détachées au profit d’intérêts égoïstes et qui ne rêvent qu’à continuer la fête des brigands. Continuer la lutte pour le changement de gouvernance avec détermination et opiniâtreté. Je ne doute pas de la victoire.

Interview réalisée par Bruno Djito SEGBEDJI

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