La communauté internationale joue à un double jeu dans la gestion de la crise malienne. Il faut reconnaitre que la celle-ci, la France en particulier, adopte une position de plus en plus ambigüe. Sous l’égide du très controversé député d’Europe écologie, Alfonsi, l’association ethniciste ‘’Solidarité azawad’’ que dirige l’apatride Moussa Ag Assarid décide d’organiser une conférence suivie d’un repas solidaire pour fêter les 3 ans de déclaration d’indépendance du fameux azawad, ce samedi à Paris, avec la bénédiction du Quai d’Orsay. Notre gouvernement tergiverse, le doute s’installe et le malaise s’amplifie.
La France est-elle contre ou pour l’unité et l’intégrité du territoire malien ? Voilà la principale question que les Maliens se posent aujourd’hui. Après nous avoir aidé à la libération de notre territoire, la France et Serval se sont opposés à Kidal comme régulateur (en cantonnant l’armée malienne) et en ont profité pour remettre le Mnla en selle.
Du bout des lèvres, ils ont affirmé que le Mali est un et reste indivisible, mais tout le monde convient que Kidal nous échappe de jour en jour. Les narcoterroristes et autres apprentis djihadistes qui écument cette partie du pays font la loi à Kidal et dans l’Adrar des Ifoghas. Cela, sous le nez et la barbe de la France et de la Minusma. Depuis plus de 6 mois, notre gouvernement a brillé par sa lenteur dans l’action et s’enferme dans des théories brillantes mais sans aucune prise avec les réalités du terrain, on ne rend pas service à notre brillant et sympathique Président qui mérite mieux, tant l’homme est patriote et sincère.
En principe, le gouvernement a plus de moyens qu’un groupuscule. Alors pourquoi entend-on plus le Mnla que le gouvernement ? Certains diront que par sa taille, un groupuscule est plus léger donc plus souple et peut être plus dynamique qu’un gouvernement dans la communication. D’accord, l’autre jour, lorsque le journal le Monde balança un article incriminant Koulouba, on n’a pas attendu une année pour réagir. La promptitude de la réaction a surpris tout le monde que certains n’ont pas eu le temps de lire l’article en question.
Aujourd’hui, il n’est caché de personne que le lobby touareg et du Mnla a du plomb dans l’aile en Europe singulièrement en France. Qu’ils aient quelques soutiens par-ci par-là, rien d’étonnant à cela. Il ne faut surtout pas donner plus d’importance à ces soutiens qu’ils ne le sont. Mais alors, se demande un grand observateur malien, pourquoi le gouvernement malien ne semble pas en profiter ?
Même si la communauté internationale, précisément la France (nos grands amis, nos sauveurs), cautionne cette conférence de l’association ethniciste de Ag Assarid et de son parrain Alfonsi sur le sol français, cela n’est pas étonnant : la position de la France depuis la libération est de plus en plus incompréhensible. De même que celle de la Minusma qui a été incapable de faire atterrir notre brave Premier ministre à Kidal et qui surveille les mouvements de l’armée nationale dans la ville comme du lait sur le feu.
Beaucoup à Bamako remettent en question l’approche et la méthode adoptées par le gouvernement malien dans la gestion du processus de réconciliation nationale. Toujours est-il que dans les salons, beaucoup critiquent l’approche du gouvernement et plus précisément le département en charge de la réconciliation nationale.
Ont-ils toutes les données pour juger ?
Le temps de répondre à ces interrogations, le doute s’installe et le malaise s’amplifie au point où plusieurs partenaires commencent à s’interroger sur la capacité du gouvernement aphone à piloter le processus de réconciliation. Il est temps que le gouvernement sorte de sa léthargie profonde et communique. A ne pas oublier que ‘’lorsqu’on soupe avec le diable, il ne suffit pas d’avoir une cuillère plus longue que la sienne, mais de s’assurer qu’on a des bras plus longs’’ dit l’adage.
Le Mnla veut fêter ses 3 ans de déclaration d’indépendance, que va faire la diaspora malienne en réaction à cette initiative ? Et le Gouvernement dans tout cela ?
Pour paraphraser, le doyen Abdoullah Coulibaly, dans une récente contribution, dira que deux leçons sont à retenir dans le cas malien : le temps est un facteur stratégique de décision. L’élément clé de la paix passe par le processus de réconciliation.
Le peuple a besoin d’assurance que Kidal nous appartient toujours et le Président Ibk lui aurait rendu service en y effectuant sa première visite à l’intérieur du pays. Il est temps de brocarder le Mnla et de mettre fin à ses velléités d’indépendance. Le temps du bâton et de la carotte est révolu. Il est temps de prendre des grandes décisions.
Harber MAIGA