La rencontre de Bamako est un espace d’échanges et surtout de réflexion sur le rôle et la place des jeunes dans la résolution des crises en Afrique en général et dans la région sahélienne en particulier.
La jeunesse africaine au service de la paix, de la sécurité et du développement dans le Sahel, voilà l’essence du premier Forum international de la jeunesse africaine qui s’est ouvert hier au Centre international de Conférences de Bamako (CICB). L’événement était présidé par le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keita. Plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, Me Mamadou Gaoussou Diarra, étaient présents. Des représentants des institutions de la République, de la société civile et des organisations internationales ont également pris part à la cérémonie.
Ce premier rendez-vous de la jeunesse africaine se veut un espace d’échanges, mais aussi et surtout de réflexion sur le rôle et la place que doivent occuper les jeunes dans la résolution des crises en Afrique en général et dans la région sahélienne en particulier. Plus d’une cinquantaine de participants sont venus d’Afrique du Sud, du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de Centrafrique, de Côte d’Ivoire, du Gabon, de Mauritanie, du Niger, du Tchad, de Tunisie, du Sénégal, du Canada et de France pour, ensemble, travailler à conjurer les démons des crises et autres conflits qui ne cessent d’obscurcir leur avenir.
Le thème central, « Paix, sécurité et développement dans le Sahel », de cette rencontre prend un relief particulier dans notre pays au moment où des pourparlers sur son avenir se déroulent à Alger. La rencontre de Bamako va débattre de thèmes très variés, notamment des sujets relatifs aux différentes crises survenues sur le continent. Les participants examineront également les voies et moyens de favoriser une contribution significative de la jeunesse au processus de paix et de sécurité dans nos différents pays.
Ce premier Forum international de la jeunesse africaine offre une grande occasion aux jeunes du continent de démentir le cliché peu flatteur dont souffrent les nouvelles générations. L’incompétence, l’insouciance, le goût de la vie ou de l’argent facile, sont autant de défauts que l’on colle, en effet, à la jeunesse d’aujourd’hui. Bamako offre l’opportunité d’une réplique vigoureuse des intéressés. Le ton est, dès le départ, donné par le président du CNJ-Mali, Mohamed Salia Touré. Dans son intervention, celui-ci a indiqué que le temps des discours généreusement moralisateur et mensongèrement flatteur est révolu. Seuls importent aujourd’hui des actes puissamment mobilisateurs et véritablement fédérateurs, a-t-il souligné.
Il a fustigé dans la foulée les idéologies qui parient sur une déconfiture du continent. « L’Afrique ne peut pas être une victime permanente de l’histoire, surtout quand elle est malicieusement écrite et subtilement orchestrée par d’autres. Encore moins le Mali, cette terre légendaire d’accueil, ne peut pas être une victime récurrente d’accidents graves institutionnels, de fractures citoyennes aux plaies sociales béantes, de souffre-douleurs pervers de minorités criminelles ou vengeresses », a martelé Mohamed Salia Touré. Le premier responsable de la jeunesse du Mali a confiance en la force de ses mandants qui savent le rôle qui leur revient de jouer sur ce continent.
Si la jeunesse a conscience de sa capacité à forger son destin, elle demeure confrontée à une réalité cruelle, a admis le président du CNJ. La situation est d’autant plus alarmante qu’elle risque de compromettre tous les efforts jusqu’ici consentis. Mohamed Salia Touré n’a pas tari d’éloges sur la jeunesse africaine en général et malienne en particulier dont l’intelligence et la capacité d’analyse et de jugement doivent inspirer les politiques. Plutôt qu’une charge, la jeunesse est donc une chance, un océan de ressources dans lequel nos Etats ne pourront pas se noyer.
La paix et le développement du nord et plus largement du Sahel, sont un enjeu global, a souligné le président du CNJ. Mohamed Salia Touré a prôné un dialogue inclusif, sans distinction raciale ou ethnique en vue de rendre à notre pays son lustre d’antan. Il a invité les politiques à faire confiance à la jeunesse pour inventer ce nouveau modèle pour construire et solidifier les fondations de cette paix et de ce développement tant rêvés.
ERADIQUER LE TERRORISME.
Abondant dans le même sens, les différentes personnalités qui se sont succédé au pupitre ont salué la jeunesse africaine en général et malienne en particulier pour cette initiative qui, de l’avis général, prouve la maturité d’esprit de la nouvelle génération. Le vice-président du Forum de Bamako, Abdallah Coulibaly, le représentant de la MINUSMA, Arnaud Akodjénou, le représentant spécial de l’Union africaine, Pierre Buyoya, et le chef de la délégation de l’Union européenne, Richard Zink, ont exprimé leur fierté et leur satisfaction vis-à-vis de la jeunesse africaine. Ils ont réitéré leur confiance et leur accompagnement à la jeunesse, avant de l’inviter à plus de courage et d’abnégation pour relever les défis qui sont les siens. La jeunesse doit être un socle sur lequel le Sahel devra se baser pour bouter les criminels hors du continent, a ainsi souligné Pierre Buyoya en évoquant les mesures prises par l’Union africaine pour éradiquer le terrorisme.
Le ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne a souligné la pertinence de la thématique du forum. Mamadou Gaoussou Diarra a noté que les jeunes sont en phase avec les politiques du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, qui a fait de la promotion de la jeunesse malienne l’un des chantiers majeurs de son quinquennat. Le ministre Diarra a souligné le rôle et la place qui reviennent aux parents et aux politiques en matière d’accompagnement de la jeunesse, avant d’encourager les jeunes à faire preuve d’initiative pour briser les tabous dont ils souffrent.
Le président Ibrahim Boubacar Keita a réitéré sa foi en la jeunesse. Les jeunes du continent en général et ceux du Mali en particulier, ont, de son point de vue, un rôle prépondérant à jouer dans la résolution de la crise que traverse notre pays. Le chef de l’Etat a cependant invité la jeunesse et la communauté internationale à ne pas faire d’amalgame. « Ce qui se passe au Mali n’est nullement une lutte de religion, encore moins du djihadisme. Ce n’est ni plus ni moins que du terrorisme que je vous invite tous à combattre par tous les moyens », a-t-il indiqué. Ibrahim Boubacar Keïta a rendu hommage à la communauté internationale pour son soutien constant et de qualité à notre pays depuis le début de la crise.
Il a réitéré son attachement à la cause nationale. Car seul compte le Mali, a t-il réaffirmé. IBK n’a pas manqué de rappeler à la jeunesse les valeurs sociétales qui sont les leurs. Les défis sont énormes mais pas pour autant au dessus de nos moyens, a souligné le président de la République en promettant de ne pas faiblir dans sa quête du bonheur pour la jeunesse africaine et malienne. « J’irai où il le faut, même au bout du monde pour chercher de quoi créer de l’emploi pour vous », a-t-il assuré sous les ovations du public.
Le président Keita s’est ensuite prêté aux questions des jeunes sur la vie de la nation et de la sous-région.
L. DIARRA