Influencer les politiques, les mauvaises pratiques dans les industries extractives, tel est l’objectif recherché par l’IRPAD. L’ONG, en partenariat avec Trust Africa, a organisé une conférence débat sur le thème : « comment lutter contre les flux financiers illicites dans les industries extractives ». C’était du 18 au 19 mars 2015.
Bien qu’il soit reconnu que son sous-sol est un scandale géologique en terme de richesses minières, le continent africain peine à retrouver la voix du développement. Selon Briggs Bomba du Zimbabwe, le commerce de l’or est en train d’augmenter mais les populations n’en sont pas les bénéficiaires en termes d’éducation, de santé, d’infrastructures de bases. « Nous sommes un continent invulnérable (sida, Ebola, paludisme) et le continent n’est pas capable de contrecarrer ses problèmes », a-t-il indiqué. Selon l’expert Zimbabwéen, c’est un paradoxe, car les pays Africains producteur d’or ne sont pas en train de faire des épargnes pour financer le développement. Et, les aides financières, les prêts, les politiques étrangères entament le développement du continent et créent la dépendance, a-t-il ajouté. Selon des experts, les flux illicites, les exemptions fiscales, les changements dans les codes miniers, la corruption sont, entre autres, des causes essentielles qui compromettent l’avenir des investissements dans les zones minières. Avec la nouvelle Vision africaine des mines (VAM) qui met l’accent sur l’exploitation minière comme un patrimoine à mettre au profit du développement, il existe une opportunité de travailler plus profondément sur des études de cas et de lutter pour des changements de politiques et des pratiques. Selon Mamadou Goita de l’IRPAD, le Niger est actuellement en lutte pour changer la tendance avec AREVA dans le secteur de l’uranium. Le Mali cherche à engager des négociations avec les sociétés sur l’or pour que cette ressource puisse mieux profiter aux populations. Pour le représentant de la FDS (Fondation Pour le Développement au Sahel), Nouhoum Diakité, les quantités exploitées ne sont pas déclarées, la production artisanale échappe à tout système de contrôle. Au Mali, 60 tonnes sont déclarées dont 40 tonnes pour les sociétés et 20 tonnes pour la production artisanale. Il a indiqué que de 2006 à 2010, le Mali a perdu plus de 16 milliards de FCFA en termes de redevance. Pour renforcer cette tendance, IRPAD en partenariat avec TrustAfrica, a initié un projet dont l’intitulé est similaire à celui du colloque. Il vise à explorer différentes études de cas exploratoires dans cinq pays (Burkina Faso, Guinée, Mali, Mauritanie et Niger). Selon Mamadou Goîta, directeur exécutif de l’IRPAD, le processus d’intégration régionale est une autre opportunité à saisir pour un tel travail de plaidoyer multi-pays. Cependant, il a estimé que malgré l’engagement et l’expertise avérée des différentes équipes de recherche, force est de constater que la question de recherche sur les flux illicites est assez complexe. « Les données à collecter sont par nature des informations « frauduleuses » et donc très souvent « sécrètes», a-t-il déclaré.
Fakara Faïnké