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Élection présidentielle prévue au Mali pour avril 2013 : Quand le colonel-ministre Moussa Sinko sème la diversion
Publié le jeudi 8 novembre 2012  |  Le Prétoire


Rencontre
© aBamako.com par as
Rencontre du ministre de l`Administration territoriale Col Moussa Sinko Coulibaly avec les agences de voyage
17/09/2012. Bamako.


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Sous la pression des partenaires au développement, le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Moussa Sinko Coulibaly, entend organiser l’élection présidentielle en avril 2013. Au lieu de faire face à l’essentiel, à savoir la reprise de la révision des listes électorales par la Ceni, le ministre Coulibaly fait un procès d’intention au Premier ministre et du coup crée une diversion au sein de l’équipe gouvernementale.

Suite aux évènements de mars 2012, les organes de transition ont été mis en place pour gérer deux missions essentielles: la reconquête des régions nord du pays et l’organisation d’élections transparentes et crédibles. Si la première mission est en passe de trouver une solution consensuelle, la seconde, c’est-à-dire l’organisation des élections générales, est source de diversion au sein de l’équipe gouvernementale de transition, à cause de l’attitude du ministre de l’Administration territoriale qui veut détourner les Maliens de l’essentiel. Mais en réalité, le colonel Coulibaly semble ne pas maîtriser le sujet et se perd en déclarations et décisions aussi incongrues les unes que les autres.

En effet, l’organisation d’une élection nécessite la révision des listes électorales. Or, à l’état actuel des choses, Moussa Sinko a déjà violé le Code électoral qui veut que, chaque année, les listes électorales soient révisées du 1er octobre au 31 décembre. Piqué par on ne sait quelle mouche, il a unilatéralement décidé de suspendre la révision des listes électorales, nonobstant la réaction de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) visant à le sensibiliser sur la nécessité de poursuivre la révision des listes électorales, afin de lui éviter une dérive autoritaire grave et passible de poursuites, comme a eu à le rappeler une des hautes personnalités de l’Union africaine lors de la récente réunion de l’organisation africaine à Bamako.

Il est resté insensible à cette alerte, en dépit de nombreuses rencontres qu’il a initiées auparavant avec les formations politiques pour trouver un fichier consensuel. C’est grave, très grave de considérer que tant que les régions du nord du Mali n’ont pas été libérées du joug de leurs occupants, que le fichier électoral ne doit pas être révisé. Le Ministre a justement confondu une opération administrative (même si elle concourt à préparer des élections) avec une opération électorale proprement dite. En agissant de la sorte, c’est lui qui apporte indirectement des arguments de confiance aux groupes armés qui considèrent que les impacts de leurs actions au nord ont été relevés au sud. Pris au dépourvu par la tournure des événements, le Ministre Moussa Sinko Coulibaly doit revenir sur ses pas pour faire le contraire de ce qu’il prônait il y a juste deux semaines : il snobait la Ceni et les autres structures chargées de l’organisation des élections, c’est à son tour de leur faire la cour, comme on le ferait avec une belle dame pleine de charme. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude et il lui revient de se plier en quatre pour les amener à hâter le pas en toute efficacité dans le nouveau sillage imposé par la communauté internationale prompte désormais à le prendre pour premier responsable en cas d’échec du processus électoral. L’organisation de l’élection présidentielle en avril prochain constitue donc un sérieux challenge pour Moussa Sinko Coulibaly.

Au lieu de gérer cette question préalable, le Ministre de l’ex-junte veut divertir les Maliens et semer la diversion au sein du Gouvernement de transition, en faisant un procès d’intention au Premier ministre Cheick Modibo Diarra à qui il prête déjà les ambitions de briguer la magistrature suprême.

La fuite en avant du Ministre de l’ex-junte

Le ministre de l’Administration territoriale accuse son chef du gouvernement de vouloir présenter sa candidature à la présidentielle de 2013. En effet, dans sa communication au Conseil des ministres du mercredi 31 octobre, le Ministre Moussa Sinko Coulibaly a expliqué au Gouvernement qu’il a rassuré les partenaires qu’aucune autorité de la transition ne se présentera à la présidentielle de 2013. Cela, afin de garantir la crédibilité du scrutin et la stabilité sociale. Cette communication aurait provoqué une vive colère chez le Premier ministre Diarra qui a immédiatement répliqué en ces termes: «Pourquoi dites-vous cela monsieur le ministre? A mon avis, aucun texte ne s’oppose à ce que les autorités de la transition, y compris le Président Dioncounda Traoré et moi, soient candidats».
À cette réaction du Premier ministre, ni le Président de la République, ni le ministre Moussa Sinko n’a pu apporter un démenti. Tout le gouvernement s’est limité à imaginer que Cheick Modibo Diarra a donc des ambitions présidentielles. Ce qui ne serait peut-être pas une surprise car il était déjà officiellement candidat à l’élection avortée du 29 avril dernier. Et s’il est candidat à l’élection d’avril 2013, il sera difficile au plan juridique, voire quasiment impossible de l’en empêcher parce qu’aucun texte ne prévoit cette disposition.
Cependant, certains veulent se refugier derrière la déclaration de Ouagadougou 1, un texte signé et lu par les groupes politiques, militaires et civil présents à cette rencontre. Aux yeux des juristes, cette déclaration n’a valeur ni de loi encore moins de traité. Mieux que cela, le Premier ministre n’était pas à son poste en ce temps-là. Rappelons que, pour tenter d’empêcher la candidature de Cheick Modibo Diarra, d’aucuns entendent s’en référer au premier discours à la nation du Président par intérim, après sa convalescence suite à son agression qui l’avait obligé à séjourner pendant quelque temps à Paris. A ce niveau aussi, les spécialistes de droit argumentent qu’un discours présidentiel n’est pas une loi et que les propositions faites dans cette adresse à la nation n’engagent que la personne du président de la République par intérim.

Le cas du Mali est exceptionnel, compte tenu de la conjonction de circonstances qui a conduit à la crise multidimensionnelle que vit le pays. Ce qui se passe au Mali actuellement, n’a jamais été vu ailleurs. Mieux que ça, au moment de sa prise de fonction, Dr. Cheik Modibo n’a pris ou signé aucun engagement écrit pour renoncer à sa candidature à la prochaine présidentielle. Alors que cela devait être une précaution d’usage si vraiment l’ex-junte, au nom de qui semble parler le colonel Moussa Sinko, tenait à cette disposition.
C’est dire qu’au plan juridique, Cheick Modibo Diarra est présidentiable. Cependant la Cour constitutionnelle est seule habilitée à connaître de la recevabilité des candidatures et devrait motiver son arrêt en fournissant les arguments y afférents. En l’absence d’un arsenal juridique en la matière, les partis politiques croient désormais que Cheick sera bien candidat. Raison pour laquelle ils multiplient les rencontres pour barrer la route à leur futur redoutable adversaire. Pour parvenir à leurs fins. C’est dans cette logique que les ennemis d’hier, c’est-à-dire l’ex-junte et ceux qui se disent démocrates convaincus et sincères, sont en train de tisser amitié.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Ministre Coulibaly n’est pas apte à juger de la recevabilité d’une candidature et devrait, en bon officier supérieur, savoir raison garder pour éviter de plonger le pays dans une autre crise qui mettrait aux prises des membres du Gouvernement de transition que les populations attendent de pied ferme quant aux résultats enregistrés. A moindre faille, la moindre erreur sera relevée et rappelée. C’est pourquoi, dans les grins et dans les salons douillets de Bamako, on ne parle que de cela et les gens interpellent les organes de transition, pour que ses animateurs cessent le divertissement pour faire face à la reconquête des régions du nord du Mali avant toute chose.
Oumar KONATE

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