Des élus de six pays de l’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal) renforcent leurs capacités sur la bonne gouvernance des ressources minières et naturelles, dans la capitale malienne. La cérémonie d’ouverture a été présidée, hier au Grand hôtel, par le ministre des Mines, Pr. Tiémoko Sangaré.
Les participants, au nombre de 30, sont des parlementaires et des maires de six pays de l’Afrique de l’Ouest. Les responsables des équipes en charge des études de cas dans les six pays, le représentant du ministère des Mines du Mali et les représentants d’OSIWA (Open Society Institute for West Africa) et de «Trust Africa» participent également à la session.
L’objectif de cette formation, selon le directeur exécutif d’IRPAD, Dr. Mamadou Goïta, est le renforcement des capacités des décideurs publics, notamment les parlementaires et les élus locaux pour mieux comprendre les enjeux et contribuer aux changements de politiques et/ou de pratiques en lien avec les industries extractives. La consolidation du rôle et de la place des acteurs de la société civile dans l’interpellation des décideurs sur les questions d’équité dans le partage des ressources, de transparence et de redevabilité dans la gestion des ressources naturelles fait partie des objectifs spécifiques de la rencontre.
Il s’agit aussi d’ouvrir le débat autour des ressources naturelles pour une prise de conscience des décideurs locaux (maires) sur la nécessité d’utiliser les revenus provenant des industries extractives pour le développement socio-économique des communautés.
En un mot, cette formation est une partage d’informations concernant la gouvernance globale des ressources minières mais aussi la lutte contre les flux financiers illicites pour sensibiliser les décideurs publics et les médias afin de contribuer à changer les situations dans les pays.
La formation est structurée autour de quatre sessions subdivisées en modules qui seront traités en plénière par les membres des équipes de recherche provenant des 6 pays. Il s’agit, notamment de la problématique générale de la gestion des ressources minières en Afrique de l’Ouest (jeux et les enjeux actuels) ; la vision africaine sur les Mines et la problématique des Flux financiers illicites (FFI) dans le secteur minier en Afrique de l’Ouest. Les réflexions porteront également sur les cadres juridique et institutionnel de la gouvernance des ressources minières en Afrique de l’Ouest ; les politiques publiques alternatives comme une des réponses aux défis actuels de la gouvernance des ressources minières ; et l’élaboration de feuille de route pays pour la suite de la mise en œuvre des actions de communication.
Dans son allocution, le ministre des Mines a rappelé que l’Afrique de l’Ouest regorge d’énormes ressources naturelles depuis des millénaires. «Ces ressources, notamment celles liées aux industries extractives, ont fait l’objet d’exploitation abusive depuis les réformes exigées par les Institutions financières internationales (IFI), en l’occurrence la Banque mondiale et le FMI au début des années 90. Ces réformes en lien avec les Programmes d’ajustement structurel (PAS) ont abouti à l’élaboration et à la validation de codes miniers qui limitent le rôle des Etats dans la gestion administrative de la législation plutôt que dans l’exploitation qui demande la mobilisation d’immenses ressources n’étant pas à notre portée », a expliqué le Pr. Tiémoko Sangaré.
La gestion des ressources mises à la disposition des communautés peut être améliorée et mieux gérée, a estimé le ministre des Mines avant de noter que son département a organisé des ateliers sur l’impact de l’exploitation minière sur les communautés environnantes, à Kénièba en avril 2017, et à Kalana en décembre de la même année.
«Il ressort de ces concertations que les compagnies minières devront mutualiser leur aide afin d’en avoir une meilleure visibilité d’une part, et d’autre part, les communautés devraient instaurer une meilleure gestion de la patente qui leur est payé par l’Etat en ristourne suite aux paiements effectués par les compagnies exploitantes. Les Etats doivent également se doter de capacités suffisantes pour la gestion et le contrôle des activités issues de l’industrie extractive pour le développement », a-t-il dit.
Le ministre Sangaré a, par ailleurs, rappelé que le Mali s’est inscrit depuis ces dernières années à engager des négociations avec les sociétés productrices de l’or pour que cette ressource puisse mieux profiter aux populations maliennes en général, et à celles des zones minières en particulier. «Une illustration de cet engagement est relative à l’élaboration d’une nouvelle politique minière par mon département. Elle donnera des orientations pour des réformes dans le secteur des mines », a-t-il assuré.
IRPAD a contribué ces dernières années à ouvrir des débats sur les questions minières. En tant que membre de l’Initiative africaine sur les mines, l’environnement et la société (IAMES), l’institut a participé à plusieurs études et à des actions de plaidoyer à l’intérieur et à l’extérieur du continent africain.
Adama DIARRA