Il s’est passé un jour entre la confirmation de la mort d’Abou Zeid et l’annonce de son successeur. C’est Djamel Okacha qui succède au numéro trois d’Aqmi. Décrit comme combattant aguerri, philosophe jihadiste et prédicateur, cet Algérien de 34 ans surnommé Yahia Abou El-Hammam a fort à faire. Il devra, notamment, unifier les jihadistes.
Est-ce que Djamel Okacha aura le charisme et l’aura d’Abou Zeid ? Cette question mérite d’être posée. Tant le successeur du numéro trois d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), tué en février par les armées française et tchadienne, n’est pas connu du grand public.
Il est sorti de l’anonymat, dimanche 24 mars, lorsque la chaîne algérienne Ennahar TV a annoncé sa nomination à la tête d’Aqmi au Sahara, une région qui s’étend du Sud de l’Algérie au Nord du Mali. Une annonce qui survient un jour après la confirmation « de manière certaine » par l’Elysée de la mort de son prédécesseur, Abou Zeid, l’ancienne tête pensante de la nébuleuse terroriste.
Djamel Okacha est-il le digne successeur d’Abou Zeid ?
Alors que la guerre au Mali bat son plein, Aqmi a tout intérêt de nommer un successeur d’Abou Zeid, digne de ce nom. Est-ce que Djamel Okacha, alias Yahia Abou El-Hammam, fera-t-il l’affaire ?
Cet Algérien de 34 ans est décrit comme « un combattant aguerri » à la « carrière fulgurante ». Selon Ennahar TV, « Djamel Okacha va devoir unifier Aqmi derrière son chef Abdelmalek Droukel », lui qui, selon la chaine algérienne, « maîtrise bien la philosophie jihadiste et a des dons de prédicateur ».
Si l’homme de confiance de Droukel n’a ni le charisme ni l’aura d’Abou Zeid, il a fait ses preuves en matière de radicalité.
Principaux faits d’armes
Né à Reghaia, préfecture d’Alger, Djamel Okacha n’a pas fait ses classes dans les camps d’entraînement d’Afghanistan. Contrairement à Mokhtar Belmokhtar, le chef des "signataires par le sang" et commanditaire de l’attaque d’In-Amenas en janvier, Yahia Abou El-Hammam a d’abord été un membre du Groupe islamique armé (GIA) avant d’intégrer le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).
Le successeur de l’emblématique Abou Zeid s’est fait remarquer en Algérie avant d’opérer depuis 2004 au Mali. Mais c’est l’attaque d’une caserne militaire en 2005 en Mauritanie qui fait parler de lui, puisqu’il faisait partie du commando. On le soupçonne également d’être l’auteur de l’assassinat de Christopher Logest, en 2009, un Américain qui travaillait dans une ONG.
Ces faits d’armes ont permis à Djamel Okacha de monter en grade au sein de l’état-major d’Aqmi. Il est ainsi devenu, en 2007, le coordonnateur du groupe islamiste pour le Sahel en lieu et place de Nabil Makhloefi.
C’est en 2009, que le combattant aguerri se fait connaître en France avec l’attaque qu’il commet contre l’ambassade de France, faisant deux blessés.
Si Djamel Okacha n’a pas la stature d’Abou Zeid, ancienne tête pensante et idéologue d’Aqmi, son pedigree joue en sa faveur. Malheureusement, il devra frapper encore plus fort que son prédécesseur, en termes d’attentats, pour gagner la confiance des jihadistes et les galvaniser.
En tout état de cause, Aqmi compte sur lui pour davantage déstabiliser la coalition au Mali, entre autres la France, qui est en première ligne de front.