Les leaders religieux ont désamorcé la tension sociale en trouvant un terrain d’entente entre le pouvoir et ceux qui s’opposent au projet de révision de la constitution. Le président des jeunes leaders musulmans, Mohamed Macky Bah, nous livre dans l’interview qui suit les tenants et aboutissants de ce «combat».
Comment avez-vous pu ramener autour de la table de l’entente le président IBK et la plateforme «Antè Abanna»?
Je rends grâce à Dieu pour la sagesse dont il a inspiré les leaders religieux et les familles fondatrices de Bamako, pour rassembler les Maliens autour de ce qui les divisait de plus. Depuis les premières heures de la crise, nous avons eu la chance d’écouter toutes les parties, que ce soit l’opposition parlementaire ou la majorité, la plateforme «Antè Abanna», et même «An sonna». Nous avons donc eu la chance de faire une lecture assez profonde de la situation. Mais, ces derniers temps, avec la radicalisation des deux côtés, il s’imposait pour nous de mettre le Mali au-dessus de tout. C’est pourquoi, nous, leaders religieux avec les familles fondatrices de Bamako, avons décidé d’aller voir le président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéïta, pour lui demander de surseoir à la révision de la Constitution.
Comment avez-vous fait pour convaincre le président IBK de tendre la main à la plateforme du «NON» ?
Au cours de notre rencontre avec le président de la République, nous l’avons sollicité pour qu’il s’ouvre à l’écoute de tous les fils de la nation, particulièrement la plateforme «An tè Abanna, ne touche pas à ma constitution». C’est vrai qu’il avait entamé une vaste concertation, mais il nous a écoutés en acceptant d’élargir cette concertation à toutes les couches socioprofessionnelles de la nation. C’est après tout cela que nous avons conduit la plateforme «An tè Abanna» auprès du président, pour qu’il les écoute prioritairement parce qu’eux aussi avaient accepté, à notre demande, de surseoir aux activités de protestation prévues dans leur agenda.
Certaines de ces actions pouvaient compromettre certaines institutions de la République. Surtout quand on sait que les esprits de part et d’autre avaient commencé à se radicaliser. Le président de la République a écouté avec sagesse la plateforme du «NON» en présence des familles fondatrices et des leaders religieux. Il a par la suite pris la décision courageuse de surseoir à la révision de la Constitution du 25 février 1992. L’objectif de cette mission, pour nous, était de réunir tous les Maliens autour de la nation qui a tant besoin de chacun de ses enfants en ce moment de crise, et évité qu’on se divise davantage au profit de l’ennemi qui nous guette de très près.
Quel est votre message pour les uns et les autres pour surmonter cette phase ?
Nous remercions le Bon Dieu qui nous a permis d’éteindre ce feu qui avait commencé à consumer les cœurs. L’appel que je lance aujourd’hui, aux uns et autres, c’est l’entente entre nous, les gouvernants et les gouvernés. Depuis la crise de 2012, le monde entier est au Mali pour nous prêter main-forte. Malheureusement, on constate que rien ne va dans ce pays parce que nous manquons de solidarité entre nous. Ce qui s’explique par le fait qu’on ne s’écoute pas, alors que ceux qui sont venus nous soutenir ne peuvent pas faire mieux que nous. Alors, pourquoi ne pas s’asseoir pour voir comment nous pourrons ensemble sortir le pays de l’impasse.
Propos recueillis par Gabriel TIENOU
Marchés publics : Cissé Technologie crée un grand désordre en ne respectant aucun de ses engagements
Cissé Technologie est champion du non-respect de ses engagements. Il joue à détruire la réputation des autres opérateurs économiques maliens afin d’être le seul acquéreur des marchés publics. Alors qu’il traîne des casseroles et des dégâts dans plusieurs hôpitaux, services étatiques et certaines sociétés.
Au moment où les sociétés étaient orientées vers les marchés de la Canam, ainsi surgit la question de la carte d’identité biométrique. Certains opérateurs économiques, qui suivent de près cet appel d’offres, affirment la main sur le cœur que le ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le général Salif Traoré, a envoyé jeudi 24 août une correspondance à Cissé pour lui demander de céder la carte biométrique à 6000 Fcfa (l’unité).
Question : quel intérêt a-t-il Salif Traoré dans cette affaire ? Si Cissé Technologie acceptait sa proposition, il devrait ensuite négocier avec ses partenaires pour les emmener dans ce sens. On dirait que le gouvernement malien, disons, les membres du gouvernement ne se concertent pas.
Ce qui est étonnant, le marché de la Canam de 1 milliard 900 millions, dont Cissé Technologie est acquéreur, est en cours de résiliation. Mieux, M. Cissé n’a jamais honoré ses engagements pour ce marché de la Canam et tant d’autres. Alors, quelle garantie a-t-on pour lui donner un marché de 100 milliards de Fcfa ? Encore que ledit marché ne soit pas encore approuvé parce que le rapport de dépouillement n’a pas été signé par la Délégation générale des marchés publics (DGMP). C’est un certain Soukouna qui a délivré une notification provisoire à Cissé.
En tout cas, le souhait des Maliens est d’avoir la carte d’identité à 2000 Fcfa. Ils ne comprendraient pas qu’on puisse la leur exiger à 6000 Fcfa alors que Tomota se propose de la céder à 3000 Fcfa (l’unité).
On ne reprochera pas à M. Cissé sa détermination, puisque, dans sa quête d’avoir le marché de la carte d’identité biométrique, il a frappé à la porte du Premier ministre. Celui-ci a refusé de le recevoir. Mais il peut compter sur la complicité de plusieurs cadres et responsables au niveau du ministère de la Sécurité et de la Protection civile qui lui donnent des documents confidentiels. Même situation au niveau de la Caisse d’assurance maladie (Canam).
Certains opérateurs économiques maliens estiment que l’imprimerie nationale de France doit se méfier de Cissé Technologie, si elle tient à son image de marque. Parce qu’il est en train de courir derrière un autre marché qui risque de salir l’imprimerie de France, alors qu’elle a une bonne réputation en Afrique.
Sinaly KEITA
Rencontre de Zouera : Ousmane Ag Mohamedoune fait revenir le terroriste Houka-Houka Ag Alfousseny à Tombouctou
Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, secrétaire général de la CPA, veut organiser une rencontre à Zouera dans la région de Tombouctou, plus précisément dans le cercle de Goundam. Cette rencontre, aux dires du secrétaire général de la CPA, sera basée sur le vivre ensemble, la cohésion sociale. Pour le succès de cette rencontre, il est en train de solliciter la participation de plusieurs personnalités.
Selon certaines sources, le gouverneur de Tombouctou serait prêt à faire le déplacement. Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune dit avoir eu des entretiens avec le ministre de l’Education qui lui aurait donné des assurances. Hamed Mohamed Ag Hamani, Hama Ag Almahamoud et bien d’autres personnalités des différentes communautés sont conviés à la rencontre de Zouera. Mahamoud Dicko, la Minusma, les ministres de la sécurité et de la défense ont, semble-t-il, donné leur aval.
Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune ne s’est pas limité à ces personnalités. Il a déjà fait venir Houka Houka Ag Alfousseiny, le juge islamique de Tombouctou, celui-là même qui ordonnait les amputations et les flagellations au moment de l’occupation jihadiste. Il l’a installé à Tombouctou. Faut-il le rappeler, Houka-Houka avait été arrêté et libéré mais il est actuellement à Tombouctou et doit prendre part à la rencontre des 22, 23 et 24 septembre à Zouera. C’est que le secrétaire général de la CPA roule toujours avec des terroristes.
Par contre, les organisateurs de la rencontre de Zouera ont superbement ignoré le chef général de la Tribu Kel Ansar, seule communauté à avoir un groupe armé organisé dans la zone. Mais ils ont cependant accepté de faire venir un terroriste qui n’a pas bonne presse dans la région de Tombouctou en raison de son passé.
«Le minimum de respect serait d’inviter officiellement le chef de la tribu Kel Ansar, collectivement reconnu par les voies habituelles», déplore Attaye Ag. Selon lui, les chefs de fractions et chefs communautaires ne seraient même pas au courant de cette rencontre. Et très généralement, les rencontres dites communautaires de rapprochement sont en réalité, pour la quasi-totalité, un moyen pour ses initiateurs de soutirer quelques sous aux partenaires.
Au demeurant, beaucoup de questions se posent à propos des rencontres communautaires dans les régions du nord, surtout au sujet de leur finalité. La rencontre prévue pour ce mois de septembre devrait se passer dans une localité instable, où les populations font face à des vols de bétail, d’engins et d’autres biens. Mieux, les communautés de Zouera affirment n’être pas informées de l’organisation de cette rencontre.
C’est dans cette situation d’insécurité que Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune veut faire venir un chef terroriste, de surcroît, quelqu’un qui a ordonné des amputations dans la région au moment de l’occupation jihadiste. Les populations craignent que cette rencontre ne crée une autre tension et réveille les vieilles rancoeurs dans leur localité.