La Direction des Finances et du Matériel (DFM) du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique est malade de sa gestion qui ne cesse de dégringoler, depuis des lustres. Malade, aussi et surtout des responsables qui, en dépit de leur mauvaise gestion et de leur départ, tant réclamé par les travailleurs, gardent encore leurs postes.
Décidemment, le ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, en lui-même, porte les germes de sa propre destruction. Et la corruption au sein de sa DFM a franchi le seuil du tolérable.
Aujourd’hui, à la DFM du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, il y a des dysfonctionnements et des faiblesses dans le dispositif de contrôle interne, ainsi que des irrégularités financières. Ces manquements au sein de la DFM du département ont entaché la sincérité et la régularité des opérations de passation, d’exécution et de règlement des marchés.
Les opérations de passation des marchés entre parenthèses
Lors de l’ouverture des offres d’un marché, la Direction des Finances et du Matériel a refusé de convier un représentant de la Direction Générale des Marchés Publics et des Délégations de Service Public (DGMP-DSP). En effet, la DFM a invité un représentant de la DGMP-DSP à assister comme observateur à la séance d’ouverture des plis prévue, soit moins des trois jours ouvrables exigés. L’absence de la DGMP-DSP à l’ouverture des plis n’assure pas la transparence dans les procédures d’ouverture des offres et ne garantit pas non plus une égalité de traitement des offres des soumissionnaires. Ce qui donne lieu au favoritisme des coquins et coquines.
Toutefois, le « prince » de la Direction des Finances et du Matériel n’a pas reversé au Trésor Public les recettes issues de la vente des Dossiers d’Appel d’Offres (DAO). Lesdites recettes ont été utilisées notamment pour le paiement de perdiems accordés aux commissions d’ouverture et d’analyse des offres et pour les frais de publication de DAO dans les journaux pour un montant total de 180,02 millions de FCFA. Or, aux termes du Code des marchés publics, lorsque le dossier d’appel à concurrence n’est pas remis gratuitement, les produits issus de la vente sont reversés au Trésor Public.
Pour ce qui est de l’exécution des marchés, il a procédé, sans ordre de service, à un changement dans les prestations à hauteur de 3,2% du volume total dans le cadre du marché relatif à la fourniture de fluides médicaux destinés aux formations sanitaires du pays. Or, la réglementation ne l’exige que lorsque « la variation dans la masse des travaux, fournitures ou services est inférieure ou égale à 5% du marché ». De telles pratiques dénotent d’une mauvaise appréciation des besoins du service et entraînent une mauvaise utilisation des ressources financières.
Par ailleurs, la corruption dans les opérations de règlement des marchés n’est pas de nature à tempérer les curiosités des responsables de la DFM du ministère de la Santé. Cependant, ils ont ordonné des paiements pour des travaux de construction non exécutés. Il s’agit de cinq marchés relatifs à des travaux de mise à niveau, de construction de services, de réhabilitation et d’extension à Bamako, Sekoro (Ségou) et Sikasso pour un montant total de 42,74 millions de FCFA.
Les pourboires au niveau de la DFM
La DFM du ministère de la Santé a ordonné le paiement de matériels livrés non conformes dans le cadre de l’exécution du marché relatif à la fourniture et à l’installation d’équipements destinés à 30 Centres de Santé Communautaire. Le montant total des matériels ainsi livrés se chiffre à 4,52 millions de FCFA.
Et comme si cela ne suffisait pas, le « prince » de la DFM du ministère de la Santé a ordonné le paiement de matériels et équipements non livrés pour un montant total de 2,5 millions de FCFA, concernant deux marchés. Ce n’est pas tout. Loin s’en faut.
Même dans le cadre du premier marché relatif à la fourniture et à l’installation, sur site, d’un groupe électrogène de 200 KVA, l’inverseur automatique du groupe, évalué à 800 000 FCFA, n’a pas été fourni. Dans le second, relatif à la fourniture et à l’installation sur site de matériels destinés au Ministère de la Santé, un RAC, un ordinateur portable et un congélateur, évalués à 1,7 million de FCFA, n’ont pas été livrés. Au total, il y a 229,79 millions de francs CFA qui ont été volés au râteau.
En bloc, les irrégularités financières au sein de la DFM du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique se sont traduites, entre autres, par l’octroi d’avantages indus, au paiement de prestations fictives, à la non-application de pénalités de retard, à l’apposition par les titulaires de marchés sur leurs contrats de faux cachets de paiement de droits d’enregistrement.
Au regard de tous ces manquements, le service de la DFM du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique constitue des infractions à la loi pénale. D’où le lieu de traduire les responsables de ces dysfonctionnements devant la justice. Afin qu’ils rendent à César ce qui n’est pas eux.
En attendant, la Direction des Finances et du Matériel du ministère de la Santé n’a pas seulement perdu de sa superbe. Elle a été vidée de son âme, vendu au diable. Et jusqu’aujourd’hui, les responsables n’affichent qu’une image de ruine et de désolation. Et pour cause : jamais, les gaffes au sein de cette structure administrative n’ont atteint un tel degré. Un flop magistral et un revers cinglant.