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Entre nous : Pourquoi une telle précipitation ?
Publié le mercredi 7 novembre 2018  |  Le challenger
Rencontre
© aBamako.com par A S
Rencontre entre le ministre Mohamed Ag Erlaf et les leaders des organisations de la société civile
Bamako, le 30 octobre 2018 cette rencontre s’est déroulée, dans la salle de conférence du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
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Le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, a annoncé au cours d’une rencontre avec les organisations de la société civile que le gouvernement envisage de mener toutes les réformes plus tard, en 2019, y compris celles relatives à la révision constitutionnelle et au découpage territorial. Six petits mois pour adopter deux réformes majeures. Les explications fournies par le ministre en charge de l’administration territoriale laissent apparaître que le gouvernement s’apprête à dépoussiérer le projet de loi portant sur la révision de la Constitution pour faire quelques retouches avant le référendum.

L’actuelle équipe gouvernementale semble ne pas tirer les leçons de ses échecs. Les réactions suscitées par la fuite autour de l’avant-projet de loi portant création des collectivités territoriales en République du Mali n’augurent rien de bon pour un pouvoir si fortement contesté. Chaque contrée veut avoir sa région ou son cercle. S’il y avait un championnat mondial en fuite en avant et en diversion, on se demande comment la médaille d’or pourrait échapper au gouvernement de la République du Mali.

Le Président du Congrès National d’Initiative Démocratique (CNID-FYT), Me Mountaga Tall, a raison de dire que les délais sont très courts et ne permettent pas d’aborder à fond des questions aussi importantes que celles annoncées par le gouvernement. Finalement, on ne peut pas s’empêcher de se demander quel est donc le projet final. Pourquoi une telle précipitation ? Qu’est-ce qui pousse le gouvernement, qui faisait la sourde oreille aux revendications d’un collectif réclamant l’opérationnalisation des nouvelles régions, à s’engager dans un projet de découpage territorial ? Comment peut-on confier l’examen des réformes majeures à une Assemblée Nationale qui sera illégitime et illégale à compter du 1er janvier 2019 ?

La loi adoptée en 2012 par le général ATT est très différente du projet initié par le gouvernement du Président IBK. Un seul exemple : de cinq cercles en 2012, la région de Kidal en a 8 dans le nouveau projet. Avec ce projet, Kidal devient la région qui compte le plus de cercles au Mali sans pourtant être la plus peuplée. Ce qui échappe à la compréhension humaine, c’est que le candidat de la Plateforme Ensemble pour le Mali a passé une nuit à Kidal et a fait sa campagne à bord de l’avion mis à sa disposition par le parrain des petits aventuriers du MNLA, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.

De l’élection présidentielle à la prorogation du mandat des députés à l’Assemblée Nationale, les micmacs de la Cour Constitutionnelle ont mis en exergue la nécessité d’une réforme majeure de la loi fondamentale pour écraser la prédominance d’une personne sur les institutions. Aussi, la récente grève illimitée des magistrats a révélé les limites de l’indépendance du pouvoir judiciaire pourtant consacrée par la Constitution. On ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé.

La précipitation avec laquelle le gouvernement veut mener ces réformes porte les germes d’une grande fracture sociale et politique. Il faudra alors créer les conditions d’un vrai dialogue dont les contours seront discutés et acceptés par l’ensemble des composantes de la nation en toute transparence. Il ne s’agit pas de convoquer les partis politiques ou les organisations de la société civile autour d’une table de concertation de quelques heures. Il ne s’agit pas non plus de convoquer des concertations régionales avec des participants cooptés ou soudoyés. Il faut un vrai dialogue. Sans ce dialogue indispensable, le gouvernement va conduire le Mali vers une issue à la fois périlleuse et incertaine.

Par Chiaka Doumbia
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