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OTAN : 3 mythes de la propagande occidentale
Publié le mercredi 17 avril 2024  |  Autre presse
S.E.M.
© Autre presse par DR
S.E.M. Igor Gromyko
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Récemment, le 4 avril, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a eu ses 75 ans. L’Ambassadeur de Russie au Mali, Igor Gromyko, dévoile le vrai visage de l’Alliance, ses objectifs, ses résultats et ses relations avec la Russie.

L’OTAN n’aurait d’autre but que la défense

Souvent utilisée par les dirigeants de l’OTAN, cette affirmation est réfutée au moins par la participation de l’Alliance et de ses États membres séparés à l’agression contre la Yougoslavie en 1999 et contre la Libye en 2011.

En Yougoslavie, les Otaniens ont cyniquement employé des obus à uranium appauvri. Une chose que peu de leaders occidentaux aiment à rappeler. Le résultat est pourtant bien connu : hausse des cas de cancer enregistrés et dommages incalculables pour l’environnement. Sur le plan politique, il s’agit d’une atteinte insolente au droit international : le Conseil de sécurité de l’ONU n’avait pas autorisé les bombardements.

La Libye sert d’exemple de la même « réussite ». À l’époque prospère, le pays s’est transformé en un État défaillant, morcelé. Il est devenu un foyer de terrorisme et de commerce illégal d’armes. Ces événements ont déstabilisé la situation dans la zone saharo-sahélienne en général, et dans le nord du
Mali et du Niger en particulier.

En fait, toute l’histoire de l’OTAN est celle d’interventions militaires.

L’adoption du concept stratégique 2022, qui qualifie la Russie de « menace principale et la plus directe pour la sécurité de l’Alliance, pour la paix et la stabilité en Europe », l’accumulation injustifiée d’effectifs et d’infrastructures militaires sur ses « flancs est et nord », et la militarisation agressive de l’Europe, ne laissent planer aucun doute quant aux tâches de l’OTAN qui sont bien plus vastes qu’une simple « défense collective » des Alliés.

Ce qui met en évidence les tendances offensives de l’OTAN, ce sont aussi des tentatives pour former des coalitions à « composition restreinte », qui ont une orientation non seulement antirusse mais également antichinoise, pour attirer des pays aux mêmes idées, notamment l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et le Japon, et pour ranger l’Inde à son parti. Se tenant aux aguets, l’organisation serra dans un clin d’œil dans ses bras de nouveaux partenaires tant attendus en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

L’OTAN serait l’alliance militaire la plus réussie de l’histoire

Tous les fruits des opérations de l’OTAN, ce sont de nombreuses morts parmi les civils, la destruction d’infrastructures civiles, le démolissement des fondements de l’État et des économies des pays qu’ont ciblé les actions agressives du bloc de l’Atlantique Nord.

Que vaut l’ignominieuse campagne otanienne en Afghanistan, qui s’est terminée au bout de vingt ans par une fuite honteuse des forces de coalition ? En quittant ce pays, les forces de l’OTAN l’ont laissé en ruines. L’enquête de la commission spéciale du Bundestag a constaté que « la mission en Afghanistan s’est soldée par une défaite stratégique » et a été « l’opération occidentale moderne la plus coûteuse et faisant le plus de victimes ».

C’est l’incapacité à trouver pour l’Alliance une mission plus décente après la fin de la guerre froide, l’échec de « l’ère des grandes opérations », qui ont poussé les Occidentaux à ramener le bloc de l’Atlantique Nord « à ses origines », c’est-à-dire à le reconsolider autour d’un simulacre de menace commune que serait la Russie. Toutefois, même ici, les « réalisations » de l’OTAN, parmi lesquelles on compte la militarisation de l’Europe, l’escalade des contradictions autour de l’Ukraine, la complicité dans la désorganisation des bases de la stabilité stratégique, ne contribuent en rien à l’accomplissement de la tâche principale de toute association militaire, qui est sécuriser les populations de ses pays.

Derrière tout cela se cache une seule aspiration. Celle de maintenir manu militari la supériorité mondiale contre une tendance irréversible et objective à la multipolarité, défendre un « ordre fondé sur des règles » dont personne dans le monde n’a vu le texte, tout en compensant la stagnation de l’économie européenne, les tendances démographiques, la prise de conscience croissante des pays non occidentaux prêts à se battre pour se faire une place au soleil. Et là, de toute évidence, l’OTAN est vouée.

La Russie serait responsable de la crise dans les relations OTAN-Russie
Il conviendrait de commencer par un peu d’histoire. L’Alliance a été créée en 1949 sur les décombres de l’Europe d’après-guerre pour « garder les Russes à l’extérieur, les Américains à l’intérieur et les Allemands sous tutelle ». Elle est devenue le noyau du bloc occidental. C’est six ans plus tard que la partie soviétique a répondu de façon symétrique en fondant en Europe de l’Est l’Organisation du Pacte de Varsovie.

Quand la guerre froide s’est achevée, quand on a assisté à une vague de démocratisation, voire à la légendaire « fin de l’histoire », l’OPV a été dissoute. Et l’OTAN non. Nous l’avons accepté, nous avons commencé à construire une coopération et un partenariat sur un pied d’égalité avec le bloc de l’Atlantique Nord.

En 2002, le Conseil OTAN – Russie a été mis en place pour servir de plateforme « tous temps » permettant de discuter de tout désaccord. Il y avait des projets pratiques mutuellement bénéfiques tels que formation des forces de sécurité afghanes, initiative de coopération dans l’espace aérien, reconversion du personnel militaire à la retraite, maintien de la paix conjoint, etc.

Néanmoins, les Otaniens ne percevaient pas la Russie comme un partenaire à part entière, jouaient un double jeu. Bien que, lorsque le traité portant règlement définitif concernant l’Allemagne se faisait préparer, des dirigeants des États membres de l’OTAN aient assuré leurs homologues soviétiques qu’ils n’aient pas l’intention de s’étendre vers l’est, l’adhésion à l’OTAN a été promise à l’Ukraine et à la Géorgie lors du sommet de l’OTAN Bucarest 2008. Pour Tbilissi, c’était une carte blanche laissant lancer une agression, ce qui a conduit aux événements tragiques survenus en août 2008.

En avril 2014, c’est le Conseil de l’Atlantique Nord qui a décidé de mettre un terme à la coopération pratique et au dialogue politique avec la Russie, tirant ainsi un trait sur tout l’agenda positif. La Finlande a rejoint le bloc en 2023, suivie par la Suède en mars 2024. La rapidité de cette intégration prouve une fois de plus que l’OTAN cherchait depuis longtemps à attirer Stockholm et Helsinki dans ses rangs et que les deux pays ont interagi étroitement avec l’Alliance, participant aux exercices et aux travaux de différentes structures du bloc au cours des dernières décennies.

En revanche, nous persistions dans nos tentatives de normaliser les relations. Ainsi, en décembre 2021, Moscou a remis à Washington et à Bruxelles des projets de traités à consacrer les garanties de la sécurité de la Russie. Leurs éléments clés étaient renoncer à l’expansion de l’OTAN, au déploiement de systèmes d’armes de frappe près des frontières russes et remettre les capacités militaires et les infrastructures du bloc installées en Europe aux positions de 1997. Les Otaniens les ont également rejetés.

C’est dans ce contexte et vu ce qui se passait en Ukraine que la Russie a été contrainte de lancer l’opération militaire spéciale. Cela ne revient pas à nous de corriger nos erreurs, mais à Washington et à ses alliés. En même temps, l’OTAN doit se rendre compte que sans considération réciproque des intérêts de sécurité, sans égalité et sans respect mutuel, la reprise d’une conversation substantielle sur les mesures de renforcement de la sécurité en Europe n’a pas de perspectives.
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L’Ukraine est l’exemple le plus récent et le plus révélateur des « bons » efforts de l’OTAN.


Depuis janvier 2024, plusieurs pays occidentaux (Grande-Bretagne, Allemagne, France, etc.) ont conclu des accords de coopération en matière de sécurité avec l’Ukraine. Leur objectif semble être de poursuivre le soutien militaire à Kiev, de créer un couvert de la propagande pour les échecs militaires de l’Ukraine et pour la réduction des livraisons d’armes occidentales. En outre, ces accords seraient censés dédommager l’Ukraine de manque de progrès sur la question de son adhésion à l’OTAN.

Signant les « accords de sécurité » susmentionnés, les élites politiques occidentales risquent de plus en plus d’impliquer leurs contribuables dans le financement à long terme du conflit destructeur en Ukraine.

Les États-Unis et leurs alliés otaniens trompent leur public quant aux avantages de l’assistance militaire au régime néonazi de Kiev. Cela ne profite qu’au complexe militaro-industriel des pays membres de l’OTAN, tandis que le niveau de vie des gens de la rue est en train de baisser.

Les fonds versés à grande échelle à l’Ukraine par les États occidentaux auraient pu contribuer au développement d’autres régions du monde qui en ont un besoin urgent.


Article est écrit par S.E.M. Igor Gromyko, Ambassadeur de la Fédération de Russie en République du Mali.
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