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Le Mali en détresse : Quand les inondations viennent aggraver la situation socio-économique déjà délétère
Publié le mercredi 4 septembre 2024  |  Nouveau Reveil
Inondation
© aBamako.com par AS
Inondation à Bamako
La forte pluie du Mercredi 16 Mai 2019 à provoqué de l`inondation à Bamako.
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Le Mali vit depuis plus d’une décennie une situation d’insécurité générale due à la guerre meurtrière menée par les groupes armés terroristes. A cela s’est ajoutée une situation politique marquée par un isolement du pays par les puissances occidentales et leurs supports africains en raison de la présence des militaires au pouvoir. Du coup, la situation économique est affectée surtout avec la crise énergétique et la méfiance des investisseurs à l’égard du pays. Et voilà que le climat, à travers des pluies torrentielles, vient saler la note.

Depuis 50 ans, le Mali n’avait pas connu un tel déferlement de pluies. Des pluies qui ont causé d’énormes dégâts, y compris disparition et mort d’hommes. Pourtant, les services météorologiques avaient annoncé des mois avant sur cette situation pluviométrie dense. Malgré tout, les dispositions nécessaires idoines n’avaient pas été prises. Ainsi du début de l’hivernage à la date du 22 août 2024, il y a eu 122 cas d’inondations qui ont été enregistrés dans 17 régions et le District de Bamako. Ces inondations ont touché 7.077 ménages, soit 47.374 personnes sinistrées dont 13.576 femmes et 19.347 enfants. Au total, 30 cas de décès ont été officiellement enregistrés (12 à Ségou, 06 à Gao, 05 à Bamako, 03 à Koutiala, 01 à Koulikoro, 01 à Kayes, 01 à San, 01 à Kita) ainsi que 104 blessés. Le District de Bamako a enregistré 29 cas d’inondations ayant occasionné 05 cas de pertes en vies humaines et 84 blessés. On note aussi 563 ménages touchés, soit un total de 4 639 personnes sinistrées. La région de Gao est la plus touchée avec 1 570 ménages affectés pour un total de 9 936 personnes sinistrées. Il a été constaté également des cas d’effondrement de maisons, des cas de foudre et de vents violents dans certaines régions. Face à ce désastre, les autorités ont tenu une session spéciale du conseil des ministres, vendredi 23 août 2024, pour trouver des solutions.


Quelles sont les dispositions prises?

Dans le cadre de la prévention et de la gestion des risques de catastrophe, le Gouvernement a adopté des mécanismes et mis en place des dispositifs institutionnels parmi lesquels le Comité interministériel de Gestion des Crises et de Catastrophes et le Centre de Coordination et de Gestion de Crises. Le Centre de Coordination et de Gestion des Crises, qui est l’outil opérationnel du Comité interministériel, est activé sur ordre du ministre de la Sécurité et de la Protection civile après avis du Premier ministre.

Face à cette situation, le Centre de Coordination et de Gestion des Crises a été activé par Décision n°2024-000435/MSPC-SG du 30 mai 2024 pour la période allant du 1er juin au 30 octobre 2024. Avec cette activation, le Gouvernement a pris la décision d’apporter l’assistance nécessaire aux sinistrés, à travers la fourniture de vivres et non vivres, la distribution de 128 millions 595 mille 800 francs CFA de Cash et le relogement de 903 ménages dans des écoles. En sus, le Chef de l’État a instruit au ministre de l’Economie et des Finances de mobiliser 4 milliards de franc CFA pour faire face aux conséquences des inondations, renforcer le stock national de sécurité alimentaire et apporter l’assistance nécessaire aux ménages touchés.

En ce qui concerne l’organisation des secours, de fortes mesures ont été prises. Ce sont entre autres : la poursuite de la sensibilisation sur les risques d’inondation ; l’interdiction formelle d’attribution de parcelles à usage d’habitation dans les zones inondables ; le curage des collecteurs, des caniveaux et des jonctions des voies d’écoulement d’eau; le recensement des constructions obstruant les voies d’écoulement d’eau en vue de leur libération ; la relecture des textes du Comité interministériel de gestion des crises et catastrophes.

Des dispositions prises en retard

Au regard des dispositions prises pour juguler le désastre, on constate objectivement qu’elles peuvent être, dans leur ensemble, qualifiées de “le médecin après la mort“. Car elles devraient être prises avant le désastre, c’est-à-dire, avant l’arrivée de l’hivernage. Et ce n’est pas en plein hivernage que l’on doit procéder au curage des collecteurs et de jonctions des voies d’écoulement d’eau, ou encore recenser les constructions obstruant les voies d’écoulement d’eau. Il en est de même pour la disposition relative à ; l’interdiction formelle d’attribution de parcelles à usage d’habitation dans les zones inondables.

Par ailleurs, il faut noter que le logement des sinistrés dans les écoles n’est pas une solution pérenne, car celles-ci seront ouvertes le 1er octobre 2024 d’après une décision du Ministre de l’éducation nationale. En logeant les sinistrés dans ces écoles, les autorités ont-elles l’assurance que l’hivernage baissera d’intensité avant la reprise des cours dans ces écoles ? Pas certainement !

En tout cas, l’on remarque qu’au cours du conseil des ministres extraordinaire, aucune instruction n’a été donnée au ministère en charge de la météorologie (ministre des transports et des infrastructures), idem pour celui en charge de l’environnement.

En tout état de cause, les autorités doivent accentuer leurs efforts sur la communication en sensibilisant et en accompagnant les populations à risque de quitter les endroits susceptibles d’inondation. Elles doivent aussi fournir en permanence les prévisions météorologiques en envoyant, par exemple, aux numéros de téléphone des populations de la même manière qu’elles envoient des messages en cas d’inondation. Il y va de la survie des populations qui vivent déjà dans une précarité jamais connue depuis des décennies. Une précarité due à une situation économique dégradante.

Selon une publication en date du 22 avril du média en ligne “Agence ecofin” qui cite une publication du mois d’avril 2024 du Fonds monétaire international (FMI) dénommée “Perspectives économiques régionales“, le Mali, qui était classé 4è économie de la zone CFA (14 pays) cédera, en cette année, sa place au Burkina et se retrouvera 5è. Le salaire minimum d’intérêt général (SMIG) est l’un des plus bas de la zone FCFA. Avec 40 000 F CFA comme SMIG, le Mali se classe 11è sur les 14 pays africains ayant en partage le franc CFA.

Youssouf Konaré
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