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Diallo Fadima Toure, Ministre de la culture : « Le Mali de demain sera le bon Mali que nous avons connu »
Publié le mardi 24 juillet 2012   |  Les Echos


Semaine
© aBamako.com par DR
Semaine nationale du patrimoine culturel du 16 au 20 juillet 2012
Lundi 16 juillet 2012. Bamako. CICB. Mme Diallo Fadima Toure, Ministre de l`Artisanat, de la Culture et du Tourisme a la cérémonie d`ouverture de la Semaine nationale du patrimoine culturel du 16 au 20 juillet 2012


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Dans l’interview ci-dessous, le ministre de l’Artisanat, de la Culture et du Tourisme, Mme Diallo Fadima Touré revient sur les activités de la Semaine nationale du patrimoine culturel du Mali et donne des précisions sur les actions que son département entend mener pour la sauvegarde du patrimoine culturel du Mali au nord.
Les Echos : Pourquoi une Semaine culturelle ?
Diallo Fadima Touré : C’est une tradition au ministère de la Culture de tenir tous les ans une Semaine du patrimoine culturel. Cette année, nous avons voulu mettre l’accent sur la préservation du patrimoine culturel étant donné les circonstances au nord. Dans cette Semaine, nous avons essayé de prendre conscience de la réalité qui nous touche et faire passer le message de l’importance de la préservation du patrimoine culturel laissé par nos ancêtres.
Les Echos : Plusieurs activités étaient au menu de la Semaine. Quelle était leur importance pour le Nord ?
D. F. T. : Toutes les activités que nous avons menées ont tourné autour du Nord. Quand on dit spectacle »Mali tête-là », on ne pourra pas diviser le Mali, cela fait un clin d’œil à notre situation présente. Quand on fait l’exposition de produits artisanaux venant du Nord fabriqués par les populations du Nord, de Ménaka, Kidal, Gao et Tombouctou, etc., tout cela amène à penser au problème du Nord.
Quand on fait des défilés de costumes traditionnels du Nord au sud, cela rappelle l’unité, l’unicité, l’indivisibilité du Mali. Quand on fait des contes, quand on demande aux jeunes de dessiner ce qu’ils ressentent sur la question du Nord et que les enfants vous montrent à travers leurs dessins que le Mali est indivisible, tout cela concourt à faire en sorte qu’on se donne la main et qu’on s’unisse pour que le pays soit plus fort.
Les Echos : A travers ces activités, avez-vous atteint vos objectifs ?
D. F. T. : On peut dire que les objectifs ont été atteints. On passe à travers la coutume et la culture, tout en riant, on sème l’unité. Dans la salle on a fait une séance de couture. Avec des bandes du drapeau du Mali. On a mis des aiguilles symboliques en bois et de la cotonnade. Le Premier ministre, les ministres, les ambassadeurs, tout le monde s’est mis à coudre un morceau. Cela veut dire que chacun a sa part dans la construction du pays.
On a distribué dans la salle de la noix de cola et du haricot, ce qui a permis aux gens de s’unir autour de quelque chose que nous avons en commun. Le cola est connu du Nord au sud et le haricot est un élément de plaisanterie et d’unité. Quand il y a une bagarre entre cousins, le haricot met la joie et la bagarre est terminée. Nous voulons la fin de cette bagarre-là entre frères, c’est pourquoi la Semaine culturelle tourne autour des activités de ce genre, avec beaucoup de pensées pour le Nord.
Les Echos : Quelle synthèse en faites-vous au juste ?
D. F. T. : Si la Semaine n’existait pas, il aurait fallu l’inventer. Elle a été l’occasion de regroupement, de ressourcement… Nous avons eu l’expertise d’éminents professeurs. Pr. Bakary Kamian, une sommité, Pr. Ntji Idriss Mariko, un érudit, Pr. Salem Ould El Madi et beaucoup d’autres. On a eu d’éminents penseurs, griots, paroliers et tellement d’activités qui nous rappellent qui nous sommes, qui nous font revenir à nos sources et font de nous le Malien fort.
La Semaine culturelle, comme le Premier ministre l’a dit, a été un succès. Les richesses du Nord au sud interprétées par l’Ensemble instrumental, les enfants de l’Institut national des arts (INA) et ceux du Conservatoire Balla Fasséké Kouyaté étaient extraordinaires. Et c’est cela qui donne espoir parce que le Mali de demain sera le Mali que nous avons connu, le Mali où il fait bon vivre.
Les Echos : Par ces temps qui courent, être ministre de l’Artisanat, de la Culture et du Tourisme n’est pas chose aisée. Comment faites-vous pour vous en sortir ?
D. F. T. : Tout est un défi dans la vie. Ce n’est pas plus difficile qu’être ministre dans un autre département. Chacun à son rôle et ses responsabilités. Il se trouve qu’actuellement le secteur surtout du tourisme est sinistré, les hôtels ont fermé dans le Nord. Au sud, il y a beaucoup d’hôtels dont on a réduit le personnel. Du point de vue de l’artisanat, les produits ne s’écoulent plus comme il se doit. Culturellement, nous constatons un effritement du patriotisme dans le cœur du Malien. On peut dire que nous avons du pain sur la planche.
Les Echos : Comment faire pour redresser tout cela ?
D. F. T. : Grâce à des actions gouvernementales, on est arrivé à recenser les compressés des hôtels. Dans les jours qui vont suivre, une annonce sur une aide du gouvernement sera adressée à ceux qui sont corrects avec l’Etat et qui se retrouvent aujourd’hui avec des problèmes. Dans le secteur de l’artisanat, on essaye de faire la promotion des produits artisanaux. Je viens de recevoir une délégation de la Banque ouest-africaine de développement avec qui nous sommes en train de mettre un projet en place pour aider le secteur de l’artisanat.
Pour ce qui concerne la culture, on a beaucoup de résolutions à l’issue de la Semaine du patrimoine culturel qui font un clin d’œil à nos coutumes anciennes de règlement des conflits. Nous allons essayer de voir comment inculquer ces valeurs, comment y revenir et les adapter. Ensuite, nous allons essayer de rendre obligatoire l’enseignement du patrimoine de la culture. Avec les autres collaborateurs, nous allons créer une chaire de culture et un comité de suivi du patrimoine.
Les Echos : Etes-vous en collaboration avec l’Unesco ?
D. F. T. : Nous avons eu des relations avec la communauté internationale, il y a un fonds qui va être alimenté sur place par les dons des pays amis, de l’Unesco, de l’Isesco et de l’Organisation de la conférence islamique (OCI). Nous allons à partir de là évaluer les patrimoines détruits ou qui ont été endommagés. Nous allons former des gens pour reconstruire les monuments quand la situation sera favorable. Nous inculquerons le patriotisme dans le Malien pour que tout le monde se dise qu’un bien public est un bien à préserver. C’est tout un travail. Ce n’est pas parce que nous avons des difficultés que nous n’avons rien à faire. Au contraire, cela augmente le volume du travail.
Les Echos : On dit que quand on a tout perdu, c’est la culture qui nous reste. Avec la destruction des mausolées à Tombouctou, cette théorie n’est-elle pas quelque peu mise en mal ?
D. F. T. : Ce n’est pas parce qu’ils ont détruit les mausolées que l’esprit que nous avons de ses saints va être altéré. Loin de là. Tout le monde peut perdre le matériel, mais l’esprit, la compréhension, la culture, la valeur de l’homme, vous ne perdrez jamais cela parce qu’il est ancré en vous. C’est ça la culture et c’est ce que l’adage veut dire. Nous sommes encore plus forts qu’auparavant pour la préservation, la continuation de notre culture, de nos valeurs du Malien honnête, fier, conscient et du Malien de demain.
Les Echos : Dans l’immédiat qu’est-ce que votre département entreprendra pour sauvegarder le patrimoine culturel du Nord en danger ?
D. F. T. : Le patrimoine culturel déjà en péril à Tombouctou fait l’objet d’une attention particulière de la part du gouvernement et de l’Unesco parce qu’il fait partie du patrimoine de l’humanité. Les activités que nous menons présentement sont de concert avec la communauté internationale pour la préservation de ce patrimoine. Nous sommes en relation avec l’Unesco et avec les pays individuellement pour secourir le patrimoine meurtri du Mali.
Les Echos : Pouvez-vous nous citer quelques-unes de ces actions ?
D. F. T. : La première action, c’est que les premiers fonds qui vont être logés dans le Fonds spécial de l’Unesco viennent de la participation de Maliens à travers une activité culturelle « Yèlèbougou ». Ce sont eux qui ont eu l’idée en premier lieu de chercher de l’argent dans la salle séance tenante pour le Nord.
Ils m’ont remis les sous sur lesquels d’autres sous du gouvernement ont été accumulés, en plus de la contribution du ministère. Une enveloppe de la part du gouvernement malien sera transmise à l’Unesco pour constituer le premier fonds d’aide afin d’encourager les autres à venir. C’est un geste de patriotisme que je salue pour ceux qui ont eu l’initiative. Nous avons la sensibilisation et toutes les résolutions qui ont été faites aux termes de la Semaine culturelle seront mises en branle à partir d’aujourd’hui.

Propos recueillis par
Aminata Traoré

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