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MALI : Le prochain président pourrait être l’homme des religieux !
Publié le samedi 1 septembre 2012  |  Info Matin




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Si desislamistes ont pu emprunter aussi facilement le train de la rébellion avant d’en chasser les apprentis sorciers de l’Azawadet devenir un véritable motif d’inquiétude pour tous, y compris pour la grande majorité des musulmans adeptes d’un islam multiséculaire fondé sur la tolérance et le libre exercice des coutumes non païennes, les raisons ensont bien connues : l’incurie et le laxisme de certains responsables politiques.L’intrusion islamistepermet de poser et peut-être de viderun problème de fond, celui dela question islamique au Mali.
Le sujet n’est plus tabou parce que deux conceptions de l’islam s’affrontent sous nos yeux et il faut espérer que le bon sens finisse par l’emporter pour nous éviter une tragédie. L’islamisme sous-tend une vision extrémistecomportant des germes de violence et d’exclusion contraires à nos pratiques. Toutefois, certaines décisions politiques malheureuses ont ébranlé la communauté musulmane au point de susciter chez elle une volonté de prise en main de son destin, faisant de la question islamique un enjeu majeur. Avant même la guerre dite de la charia d’Iyad Ag Ali au nord, le milieu islamique était déjà sur le qui-vive au sud parce qu’il se sentait trahi par les hommes politiques.
La création dans le gouvernement actuel d’un ministère en charge des cultes religieux ne doit donc rien au hasard. Il est opportun de chercher à comprendre les motivations et la forme que pourrait prendre le futur engagementdes leaders religieuxcar on imagine difficilement la suite sans eux.
La laïcité n’est pas la négation de Dieu !
Laquestion islamique avait toujours été gérée avec beaucoup de bonheur parce que le pays est majoritairement musulman et parce que les présidentssuccessifs se sont tous proclamés musulmans, même si la foi de certains était manifestement chancelante. Et comme la dépravation des moeurs, la corruption généralisée n’ont pas été combattuesau cours des deux dernières décennies pour des raisons de politique politicienne, il s’est créé au vu et au su de tous une coterie de prédateurs en tous genres face à une population de plus en plus pauvre et frustrée.
La raison politique a constamment servi d’alibi pour couvrir et solder à moindre frais des crimes et délits de toutes sortes au grand dam des tenants d’une certaine morale sociale, tout comme le principe de la laïcité de l’Etat a été régulièrement brandipour écarter les religieux des prises de décision politiquecomme si ceux-ci vivaient en dehors de la société. La goûte d’eau qui fera déborder le vase sera le code de la famille dont certaines dispositions ont été perçues par les leaders musul-mans comme un véritable ca¬sus belli.
En effet, l’une des dispositions de ce texte fixait la majorité pour le mariage de la jeune fille à dix huit ans, en violation flagrante des principes de l’islam et des pratiques traditionnelles en la matière, d’autant plus queles rapports sexuels sont devenus de plus en plus précoces et que la grossesse avant le mariage est vécue comme une humiliation et une abomination dans les familles musulmanes. Et que dire de la disposition du code qui consacre la suprématie du mariage civile sur le mariage religieux ? Comment peut-on soutenir dans un pays comptant autant de musulmans que le mariage civil scellé sur la base d’un code adopté par des hommes est plus valable que celui célébré par un imam selon les préceptes coraniques ? Un jeune prédicateur s’est rendu célèbre en attaquant de front tous les responsablescompromis dans l’affaire : présidents, ministres, députés, chacun en a pris pour son grade.
Les attaques étaient si virulentes qu’on avait pensé à une suite judiciaire mais le prédicateur, apparemment sûr de son fait, avait prévenu et il a été entendu. Les célèbresaccusés, insultés et trainés dans la boue comme on ne l’avait jamais vu au Mali, ont dû avaler stoïquement la couleuvre. Même si le jeune prédicateur n’avait pas parlé sous la dictée des anciens, on a compris qu’il avait mis dans le mile en prenant en compte leurs préoccupations du moment. Voilà comment une banale affaire de code mal maîtrisées’est muée en affaire d’état, provoquant l’ire des religieux face à des hommes politiques présentés comme des individus sans foi ni loi, dont le silence et la capitulation seront perçus comme un aveu de culpabilité.
La ligne droite n’est pas toujours le plus court
chemin
Aucun homme politique sain d’esprit ne se hasarderait à expliquer et à défendre la laïcité telle que les Occidentaux la conçoivent car il s’agit en réalité pour les tenants du concept de tenir Dieu et la croyance religieuse en dehors de la gestion des hommes et des affaires publiques.
La politique étant la saine appréciation de la réalité, la laïcité doit conduire à la gestion de l’Etat au profit de tous, dans la reconnaissance du droit des minorités à pratiquer leur foi, sans que cette reconnaissance porte atteinte aux droits de la majorité. Malgré son caractère moderne, le Mali estessentiellement une civilisation de l’oralité avec une emprise très marquée de la religion et des coutumes. Les crisesgraves ne sont durablement réglées que par les pratiques coutumières et, jamais de mémoire de malien, la consti¬tution ou a fortiori une loi n’ont permis de trancher une crisemajeure de façon satisfaisante. Ceux qui ont proposé le texte du code de la famille ne pouvaient l’ignorer. C’est la raison pour laquelle ils avaient adoptédes techniques de contournement pour les difficultés qu’ils avaient prévues. Les représentants des cultes religieux ont été ainsi¬noyés dans une commission de travail qui prenait ses décisions par vote.
Le manque d’humilité a fait oublier que les deux ou trois représentants des religieux représentent en réalité plus de 90% de la population et que c’est de leur avis que dépendait la viabilité du projet. On connait la suite : mouvements d’humeur des foules, prêches incendiaires, reculades des autorités, renvoi du texte en seconde lecture, en attendant son enterrement pur et simple. On s’est rendu compte que des personnesjurantpar des ONG européennes de défense des droits humains dont le fondement de la doctrine est l’athéisme se sont permis de prendre des raccourcis en méprisant le fait majoritaire. Cette affaire du code de la famille aura eu le mérite de leur faire comprendre qu’il y a un code de l’honneur que les leaders musulmans entendent désormais faire respecter, que la ligne droite n’est pas toujours le plus court chemin et que celui qui veut se coucher sans prendre le temps de s’assoir finit plutôt par tomber.
Le prochain président du Mali pourrait bien être l’homme des religieux qui ont pris conscience de leur force et qui,devant la vénalité des responsables politiques, semblent décidés à agir sur le cours des évènements pour ne pas les subir. Les futures joutes électorales nous situeront. En attendant, les lieux et occasions de culte ne seront certainement plus boudés par les prétendants au trône, pour la gloire d’Allah et pour les besoins du suffrage.
Mahamadou Camara

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