Les mères et les personnes s’occupant des enfants doivent recevoir un soutien actif pour instaurer et maintenir une pratique adaptée de l’allaitement
Notre pays à l’instar de la communauté internationale a célébré hier la Semaine mondiale de l’allaitement maternel. Le thème de cette année est « Allaitement : un défi pour la vie ». L’évènement qui a fait l’objet d’une grande mobilisation était présidé par ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Ousmane Koné. C’était dans le village de Sénou, en présence de la représentante adjointe de l’Unicef dans notre pays, Alessandra Dentice, du représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de nombre d’invités.
Cette semaine commémore la Déclaration « Innocenti » sur la protection, l’encouragement et le soutien de l’allaitement maternel. C’est à la suite d’une réunion internationale consacrée à l’allaitement maternel rassemblant des représentants de 30 gouvernements, de nombreuses organisations des Nations unies et des OG à l’hôpital Innocenti (Florence, Italie) en août 1990 que le réseau mondial dénommé Alliance mondiale pour l’allaitement maternel a été créé avec le soutien de l’Unicef.
L’une des actions principales de ce réseau est l’organisation d’une semaine mondiale annuelle consacrée à l’allaitement maternel. Il s’agit là de donner une visibilité à l’allaitement et de permettre à chacun dans le monde d’exprimer son soutien à ce qui est de nos jours une préoccupation internationale de santé publique. Tout au long de la semaine, les progrès et les lacunes concernant l’allaitement maternel et l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant seront mis en valeur.
Chez nous, l’allaitement maternel est ancré dans la tradition avec 90 % de mères qui allaitent jusqu’à 1 an. Toutefois, seuls 57% de nouveau-nés sont mis au sein dans l’heure qui suit l’accouchement. De même 20 % seulement des enfants bénéficient des bienfaits de l’allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois. D’un autre côté des pratiques néfastes persistent encore dans le domaine de l’allaitement maternel. Près de 80% des bébés non allaités exclusivement reçoivent des liquides à base d’eau bénite ou des jus avant le début de l’allaitement. Ces pesanteurs, résistances et pratiques sont essentiellement dues à une insuffisance de soutien aux mères qui souffrent des séquelles d’un environnement difficile et de pressions familiales pour encourager les mères à allaiter.
La représentante adjointe de l’Unicef en appelle à un soutien constant aux mères, en guise de contribution attendue de la famille, de groupes de soutien, d’agents qualifiés sur les questions d’allaitement, des mamans ayant allaité exclusivement jusqu’à 6 mois avec l’ajout d’une alimentation de complément jusqu’à 24 mois. Protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement maternel restent l’Alpha et l’Omega de la santé et du bien-être des enfants et des femmes en vue de l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement, a assuré Alessandra Dentice.
Les pratiques néfastes citées plus haut sont responsables, note-t-elle, de beaucoup de cas de diarrhée et de malnutrition chez les enfants mais aussi de beaucoup de décès précoces. Les évidences scientifiques ont prouvé que l’allaitement maternel peut diminuer de 13 % le nombre de décès d’enfants de moins de cinq ans si les nourrissons sont exclusivement nourris au sein pendant six mois et continuent d’être allaités jusqu’à un an.
Les objectifs communs, à cet effet, doivent converger à travers, notamment, la relance de l’initiative « hôpitaux amis des bébés », la redynamisation des groupes de soutien et le renforcement des réseaux de santé au niveau communautaire, a-t-elle préconisé.
Alessandra Dentice a développé un ardent plaidoyer en faveur de l’approche révisée de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE). Cette démarche vise à renforcer les stratégies en cours, notamment la promotion de l’allaitement maternel et une alimentation de complément adéquate à travers l’introduction d’aliments diversifiées et la fortification des aliments à domicile grâce à l’ajout de poudres de multi micronutriments ou des suppléments nutritionnels à base lipidique.
Pour le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, si l’allaitement est un geste naturel, c’est aussi un comportement acquis. Un grand nombre d’études ont montré que les mères et les personnes s’occupant des enfants doivent recevoir un soutien actif pour instaurer et maintenir une pratique adaptée de l’allaitement.
Ousmane Koné a déploré la forte baisse des taux d’allaitement maternel, en particulier les taux d’allaitement exclusif dans les semaines ou les mois qui suivent l’accouchement dans notre pays. D’où la nécessité d’un réseau de soutien communautaire auprès des mères. Cette approche constitue malheureusement un défi dans notre pays, a admis le ministre.
Pour solutionner le problème, le gouvernement a élaboré en 2006 une stratégie baptisée « alimentation du nourrisson et du jeune enfant ». Ce document, au regard de nouvelles évidences scientifiques, est en cours de révision, a annoncé le ministre. 42 structures de santé ont été labélisées pour l’initiative « hôpitaux amis des bébés » respectant les dix conditions de succès de l’allaitement, a-t-il souligné. A cet effet, le processus communautaire de formation en « alimentation du nourrisson et du jeune enfant » et la mise en place des groupes de soutiens ont débuté en 2013.
Ce processus, constate le ministre Koné, a produit des résultats encourageants. Cependant des efforts importants restent à fournir parmi lesquels le renforcement de la mise en œuvre des dix conditions par toutes les structures de santé publiques, privées et communautaires.
M. A. TRAORE