L’affaire du Boeing présidentiel et des équipements militaires continue de faire parler d’elle. On se souvient que le FMI, pour reprendre sa coopération avec le Mali, avait exigé des « sanctions pénales » contre les personnes impliquées dans la passation des deux marchés douteux dont la valeur atteint, au total, quelque 90 milliards de FCFA. Dans un premier temps, le chef de l’Etat a chassé du gouvernement des ministres cités dans le dossier: SoumeylouBoubèyeMaiga, ex-ministre de la Défense; Madame BouréFily Sissoko, ex-ministre des Finances; Mahamadou Camara, ex-ministre de la Communication, et Moustapha Ben Barka, ex-ministre des Investissements. Dans la foulée, Sidi Mohammed Kagnassy, conseiller spécial d’IBK, a rendu le tablier tandis qu’Amadou Baiba Kouma, patron de l’entreprise d’armements Guo Star SARL, s’éloignait prudemment du Mali…
Si Ben Barka a trouvé un lot de compensation en devenant secrétaire général adjoint de la présidence (avec une option probable pour la direction du cabinet présidentiel), les autres s’en tirent généralement moins bien. Ainsi, Mahamadou Camara a repris la plume tandis que Boubèye, fort de ses relations, s’est trouvé une mission internationale.
Cependant, il urge de contenter le FMI, un des principaux pourvoyeurs de fonds du Mali. D’où l’intérêt de plus en plus pressent de la justice malienne pour le sulfureux dossier. Il y a quelques mois, des convocations téléphoniques ont été adressées à Amadou Baiba Kouma et à Kagnassy par la police du pôle économique et financier de Bamako. Kouma n’étant pas présent sur le sol national (il vit aux Etats Unis), il n’a pu être entendu par les enquêteurs. Kagnassy non plus, sans doute pour des motifs similaires. La semaine dernière, en revanche, deux anciens ministres (Boubèye et Madame Bouaré) ont été auditionnés par les policiers. L’enquête étant secrète, rien n’en a filtré, sinon que, selon quelques indiscrétions, Madame Bouaré aurait nié toute implication dans la passation des marchés et dans la violation des règles fiscales relevée par les enquêteurs. Nos sources rapportent que c’est Madame Bouaré qui a personnellement écrit au pôle économique pour être entendue, s’estimant ulcérée et avilie par une affaire où elle croit n’avoir commis aucune faute. Quant à Boubèye, on connaît sa vieille stratégie: il aurait agi sur ordres…
Dans cette affaire qui lui a valu bien des déboires, la position d’IBK n’est pas du tout confortable.
Il est ballotté par l’exigence de justice, les pressions des bailleurs de fonds qui menacent d’asphyxier le Mali, et l’amitié qui le lie aux personnes susceptibles d’être inquiétées par l’enquête. Certains de ses proches nous confient: « Le président IBK n’interférera pas dans le déroulement de l’enquête; il a confié à ses ex-collaborateurs que quiconque d’entre eux sera inculpé répondra de ses actes devant les juges! ». Faut-il en déduire qu’il laissera la justice travailler librement ? Ou bien les enquêtes en cours servent-elles de simple écran de fumée pour faire croire au FMI que la justice n’est pas entravée ?
La Rédaction