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Gestion de la crise au Mali: L’inacceptable !
Publié le samedi 12 septembre 2015  |  Le Pouce
Patrouille
© aBamako.com par A S
Patrouille de la MINUSMA à Tombouctou
Tombouctou, le 11 Mai 2015, la MINUSMA a procédé aux patrouilles à Tombouctou




Pour le gouvernement malien, l’accord signé avec les groupes rebelles, en mai 2015, est censé faire revenir la paix et la sécurité tout en préservant l’essentiel qui est l’unicité du territoire national et la forme laïque et républicaine de l’Etat. Cette vision est-elle partagée par tous les protagonistes de la crise ?
Les attaques armées de 2012 contre les forces de défense malienne dans les régions nord du pays, ont été attribuées à des groupes rebelles et terroristes ayant quitté la Lybie en ruine après l’ « assassinat » de son Guide par la force onusienne (c’est bien sous mandat de l’ONU que la France et ses alliés ont agi en Lybie). Ces attaques au nord du Mali, ont fait de nombreuses victimes, civiles que militaires. Et ce n’est pas encore fini.
L’ONU instrumentalisée ?
« Ce grand machin » créé en 1945 pour garantir la paix et la sécurité internationales, est-elle en train de passer à côté de sa mission ? De sa création, à nos jours, son bilan est mitigé ? Le gros problème de l’ONU réside, nul doute, dans son Conseil de Sécurité dont les membres permanents disposent du pouvoir d’imposer leurs décisions aux (petits) Etats membres. Justement, quelle est la « décision » de la France, dans la résolution de la crise malienne ?
Intervenant à la « demande » des autorités maliennes pour contrer l’avancée des groupes rebelles et terroristes vers le centre du pays, en janvier 2013, la France s’est, ensuite, comportée de manière très suspicieuse qui laisse peu de doute sur ses réelles intentions : protéger les groupes rebelles touareg qui agissent sous la dénomination de « Mouvement national pour la libération de l’Azawad » (MNLA). C’est ce même mouvement qui s’est allié aux groupes terroristes et islamistes pour la conquête des régions du nord du Mali. Pendant leur occupation des villes conquises, les populations ont été soumises à de nombreuses exactions au nom de la charia, la loi islamique imposée par les occupants. Bien que ses mains soient tâchées de sang, le MNLA demeure dans les grâces de la France et de ses alliés. Paradoxe pour un pays qui se pose en grand défenseur des droits de l’homme et de la démocratie. Le MNLA jouit d’une protection très rapprochée de la France et ses alliés, dans la région de Kidal où le gouvernement du Mali, est interdit d’accès. Autre paradoxe.
Est-ce que la « décision » de la France, membre permanent du Conseil de l’ONU, est d’aider les groupes rebelles du MNLA, à libérer ce qu’ils appellent leur territoire azawadien ? Si tel est le cas, alors, la France a menti et continue de mentir au peuple malien. L’ONU se serait également laissée instrumentalisée volontairement (?). Comme elle s’est laissée instrumentalisée en Côte d’Ivoire, en Lybie, et ailleurs comme toujours.
L’accord de paix signé à Bamako le 15 mai 2015, sous l’égide de l’ONU, devrait permettre au Mali de garder intact son territoire, mieux, de sauvegarder sa forme laïque et républicaine. Les émissaires de l’ONU le répètent souvent tout comme les autorités maliennes. Dès lors, peut-on concevoir que moins de quatre mois après la signature de l’accord, que des groupes signataires puissent parler encore de « leur » territoire azawadien ? En effet, la CMA dont le MNLA est membre, vient, à travers un communiqué publié par certaines presses, d’interdire toute campagne sur le « territoire de l’Azawad » en vue des élections communales et régionales, prévues en octobre prochain. Pour le moment, la MINUSMA, garante de la mise en œuvre de l’accord de paix, n’a pas réagi. Elle ne réagira, certainement, pas, elle d’habitude si prompte à réagir contre toute action « gouvernementale » tendant à mettre à mal la CMA et ses amis, se mue derrière un silence complice.
Par contre, lorsque le Gatia, un mouvement armé qualifié d’être proche du gouvernement, a bousculé la CMA dans la localité d’Anefis, Arnauld Akodjenou, Représentant spécial Adjoint du Secrétaire général en Charge des Affaires politiques de la MINUSMA a mieux fait que réagir. Il a fustigé par ces mots qui n’ont rien de diplomate : « Nous constatons qu’on n’a pas affaire à des hommes de bonne foi » faisant allusion au Gatia et nul doute à son « parrain » désigné, le gouvernement du Mali sur qui la mission onusienne a, ensuite, fait pression, pour faire reculer le Gatia d’Anefis.
La bonne foi, selon le Représentant de la MINUSMA, c’est, nul doute, de laisser les populations du nord se faire racketter jour et nuit, tuer par des groupes qui prétendent lutter pour leur cause. A Tombouctou, comme à Anefis et ailleurs dans la contrée du nord, les populations sont soumises à des « taxes » si elles ne font pas l’objet de braquage le jour de foire. Pendant ce temps, que fait la MINUSMA dont le mandat, comme aiment à le dire ses représentants, est « la protection des populations » ?
Sommes-nous dans une logique d’un Etat (Azawad) dans un Etat (Mali) ? La MINUSMA doit rappeler la CMA à l’ordre. Si la MINUSMA se vante d’avoir permis au Mali d’organiser l’élection présidentielle en 2013, elle doit aussi permettre l’organisation des élections locales sur tout le territoire national, à la date prévue. Telle est la mission de la MINUSMA. Et telle doit être sa mission. Au cas contraire, elle aura failli.
« C’est aux Maliens de prendre leur destin en main »
C’est phrase a été prononcée par un diplomate européen présent au Mali. Cette phrase a tout son sens. Les grandes nations sont celles qui savent survivre. Le Mali est-il une grande nation ? Au lieu de pleurnicher sur notre sort et dénoncer ce qui saute à l’œil nu comme un « complot », les Maliens doivent resserrer les rangs. La classe politique malienne, est déjà ce qu’elle est : opportuniste et hypocrite. Il revient à la société civile, si elle existe encore, de servir de rempart contre les attaques de l’ennemi. L’ONU sert les intérêts de ses membres permanents dont elle dépend financièrement. Au Mali, l’un de ses membres permanents, la France, joue au poker gagnant.
La défense de l’intégrité physique du territoire malien par l’Accord d’Alger, ne semble pas figurer dans l’agenda de certains « amis » du Mali. En tout cas, pas maintenant. Quatre mois après la signature de l’accord, pas de répit pour les populations maliennes. Tout comme on ne parle pas de désarmement des groupes armés ni de redéploiement des forces armées et de sécurité sur tout le territoire national. Or, la mise en œuvre de ces deux éléments, constituerait la preuve de la bonne foi de la mission onusienne au Mali.

Tièmoko Traoré
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