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Un zoom sur le secteur aurifère du Mali
Publié le vendredi 22 decembre 2017  |  Agence Ecofin
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie d`Inauguration de la mine d`or de Kofi
Bamako, le 24 Avril 2015, a eu lieu la cérémonie d`inauguration de la mine d`or de Kofi
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Durant plusieurs années, le Mali était reconnu comme le troisième producteur d’or d’Afrique (derrière le Ghana et l’Afrique du Sud) avant qu’un rapport de la Banque mondiale, sorti en avril 2017 ne le classe à la 4e place, derrière le Soudan. Si le métal précieux est aujourd’hui présenté comme le premier produit d’exportation du pays, quelle est sa réelle contribution à l’économie nationale et comment se porte son secteur ?



Or et économie

En 2016, l’ancien ministre malien des mines, Cheïckna Seydi Ahamadi Diawara, a déclaré que l’or représente 70% des exportations du Mali, et apporte environ 950 milliards de francs CFA, en termes de ressources d’exploitation. Le métal précieux contribue, selon ses propos, pour 25% aux recettes fiscales du pays. « Depuis la crise de 2012, l’économie malienne est essentiellement soutenue par l’or et cette économie est en train de se diversifier. L’or rapporte au budget malien 200 à 250 milliards de francs CFA par an », a-t-il déclaré.

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En septembre 2017, le ministère a indiqué que les compagnies minières opérant au Mali ont versé en 2016, un total 247 milliards de francs (454 millions $) en termes d’impôts, frais de douane, dividendes et autres. Si l’on remonte plus loin, en 2014, la valeur totale des exportations aurifères du Mali était de 863 milliards de F CFA, soit plus de 70 % du total des recettes d’exportation. Le métal a contribué au budget à hauteur de 254,3 milliards de FCFA (25% des recettes budgétaires) et au PIB de 6,5%.

En 2015, entre la chute mondiale des prix de l’or et une production stagnante, le secteur minier malien a connu une année plus difficile. Les revenus miniers du pays ont baissé, d’une année à l’autre, de 11%, passant de 275 milliards de francs CFA à 245 milliards de francs CFA (442 millions $). « Les revenus en 2015 incluent 165,5 milliards FCFA en impôts, 33,898 milliards FCFA en droits de douane et 45,57 milliards FCFA en dividendes et autres sources de revenus », expliquait alors Mohamed Ouédraogo, le directeur de la planification et des statistiques. L’or a contribué au PIB à hauteur de 6,2%.



Production et réserves aurifères

En 2016, le Mali a produit 50,9 tonnes d’or, soit une hausse de 0,4 tonne par rapport à 2015 où la production était de 50,5 t. De ce total, la production industrielle était de 46,9 t tandis que celle artisanale était de 4t.

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Selon les données de l’Institut national de statistiques, le pays a exporté en 2015 un total record de 70,2 tonnes, supérieur aux 53,2 t de 2014. L’écart avec la production (50,5 t) est dû au fait que le pays est une plaque tournante pour le commerce de l’or dans la région, recevant la fourniture des mineurs artisanaux chez les voisins comme le Ghana et la Guinée.

La même agence a rapporté en mai dernier, une baisse des exportations qui sont passées de 70,2 tonnes en 2015 à 67 t en 2016.

Pour ce qui est des réserves minérales, le Mali héberge 822 tonnes, selon une nouvelle estimation réalisée en février 2017. Ce chiffre est supérieur aux 800 tonnes estimées en 2016 du fait des nouvelles découvertes, et devrait soutenir 16 ans de production, selon les niveaux actuels de rendement.



Panorama des projets aurifères et des compagnies présentes au Mali



Plusieurs projets aurifères sont en cours d’exploitation au Mali et plusieurs compagnies mènent également des activités d’exploration sur des gisements aurifères.



Les compagnies britanniques

Randgold Resources

La plus grande compagnie minière présente dans le pays est Randgold Resources (classée 30e du Top 40 mondial par PwC dans un rapport publié en 2017). A elle seule, elle a versé 161 millions $ au gouvernement malien en 2016, soit 35,46% des revenus miniers déclarés par l’Etat pour l’année.

Au Mali, la compagnie cotée à Londres et au Nasdaq opère sur les mines Loulo, Gounkoto, situées dans le complexe Loulo-Gounkoto à l’ouest, près de la frontière avec le Sénégal, et la mine Morila située au sud-est de la capitale Bamako. Pour illustrer l’importance de ces mines, soulignons que la compagnie a produit en 2016, 707 116 onces d’or uniquement à Loulo et Gounkoto, et table sur 690 000 oz en 2017. A Morila, mine en service depuis 2000, elle a produit en 2016 54 022 onces et prévoit d’atteindre 60 000 oz en 2017.

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Ces sont principalement ces mines qui ont permis la revue à la hausse des réserves minérales du pays. « L'augmentation des réserves est due à la découverte de nouvelles réserves dans plusieurs mines, notamment dans le complexe Loulo-Gounkoto de Randgold et dans la mine Morila », a déclaré Yaya Djiré, chef de la division des mines du Ministère malien en charge du secteur.

La mine Morila, gérée par Randgold en partenariat avec AngloGold Ashanti, fermera en 2019, suite à l’épuisement de ses réserves. Toutefois, la joint-venture formée par Randgold Resources et AngloGold Ashanti à Morila a récemment conclu un accord avec l’australien Birimian pour acquérir de nouveaux gisements aurifères dans le pays. Au nombre de ces gisements, on retrouve Ntiola et Viperqui qui ont une cible d'exploration comprise entre 4 millions et 6 millions de tonnes, avec une teneur située entre 1,2 g/t d'or et 1,8 g/t d'or.

Hummingbird Resources opère sur le projet Yanfolila sur lequel il détient un permis minier d’une validité de 30 ans. La société prévoit de commencer la production en décembre 2017, le projet devant livrer, dans sa première année d’opération, 130 000 onces d’or et générer des flux de trésorerie disponible de 70 millions $ à un prix de l’or de 1 250 $/oz. Elle a annoncé en septembre 2017 qu’elle a acquis 50% de participation dans le projet Kobada, géré par African Gold Group et qui héberge des ressources minérales totales de 2,2 millions d’onces. Ajoutons qu’elle détient également à 33,85% Cora Gold, compagnie active sur le projet Sanankoro, au sud du Mali.

Alecto Minerals quant à elle est présente sur le grand projet aurifère Kossanto, constitué de trois permis d’exploration et couvrant, au total, une superficie d’environ 203 km². En août 2017, elle a conclu avec son partenaire Ashanti Gold un accord pour lui céder ses intérêts sur une partie du projet, Kossanto Est.

De son côté, Acacia Mining, filiale du plus grand producteur mondial Barrick Gold, a fait son entrée au Mali en juin 2015 en acquérant des intérêts dans le projet Tintinba qui comprend trois licences d’exploration et couvre 150 km² près de la frontière avec le Sénégal.



Les compagnies canadiennes

Le Canada est sans aucun doute le pays le plus représenté dans le secteur malien de l’or.

Iamgold a commencé ses activités au Mali il y a 25 ans, au projet Sadiola qui, avec sa mine voisine Yatela, a déjà produit plus de 7,5 millions d'onces d'or. La mine à ciel ouvert de Sadiola est située dans la région de Kayes, a ouvert en 1996 et produit environ 6 tonnes d'or par an. Elle est détenue à 41% par IamGold, 41% par AngloGold Ashanti et les 18% restants appartiennent à l’Etat malien. La compagnie détient également le projet Siribaya qui héberge une ressource minérale indiquée de 2,1 millions de tonnes titrant 1,9 g/t d’or, soit 129 000 onces, et une ressource minérale inférée de 19,8 millions de tonnes titrant 1,71 g/t d’or, soit 1,1 millions d’onces.

De son côté, Avnel Gold, rachetée en juin 2017 par Endeavour Mining à 122 millions $, détient à 80% au sud-ouest du Mali la mine d’or de Kalana. Suite à l’épuisement des réserves initiales, elle veut élargir ses opérations à une exploitation à ciel ouvert à Kalana, qui devrait produire annuellement 148 000 oz durant les cinq premières années. La durée de vie de la mine est estimée à 18 ans.

Quant à Robex Ressources, elle détient le projet Nampala, qui héberge 17,4 Mt de réserves prouvées. Compte tenu de son importance, la société souhaitait atteindre une production de 6000 t/j mais des difficultés, en partie financières, l’ont contrainte depuis octobre 2014 à revoir ses ambitions à la baisse. Elle a également récemment récupéré son permis d’exploration Kamasso, qu’elle détenait de 2004 à 2013, et dans lequel elle a investi un montant de 1 076 052 $ en matière de recherche et d’exploration.

Hormis ces compagnies, il y a aussi Komet Resources, qui a acquis récemment le permis d’exploration Moussala dans le camp minier d’or Kéniéba. Le permis, d’une validité de 7 ans, couvre une superficie de 67 km² et est détenu à 100% par la filiale de la compagnie au Mali, Komet Mali Sarl.

Citons enfin Endeavour Mining et B2Gold, qui opèrent, l’un sur les mines Tabakoto et Kofi-Nord, et l’autre sur la mine Fekola qui a un potentiel de 89,3 tonnes d’or. B2Gold a annoncé en octobre 2017, l’entrée en production de Fekola et prévoit d’y produire entre 100 000 et 110 000 onces d’or avant la fin de l’année.



Les compagnies australiennes

Parmi les compagnies australiennes présentes sur le territoire malien, nous avons Resolute Mining qui détient le projet Syama, une mine souterraine dont la durée de vie est de 12 ans avec une capacité annuelle de production de 250 000 onces d’or. Selon les prévisions de la compagnie, l’exploitation souterraine de la mine devrait commencer fin 2018.

En outre, Oklo Resources détient, dans le Sud et l’Ouest du Mali, un solide portefeuille de huit projets sur l’or, couvrant au total 1389 km², dont six acquis auprès de Compass Gold Corporation, une compagnie listée sur TSXV. Les plus importants de ces projets sont Dandoko, Mossala, Socaf et Yanfolila. Birimian opère pour sa part sur l’or de Massigui.



La compagnie malienne

Notons pour finir qu’à côté de ces nombreuses compagnies étrangères, la société malienne Wassoul’Or opère sur le projet Kodiéran, dont le redémarrage de la production était prévu pour mai 2016, mais n’a pas encore eu lieu.

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Kodiéran, le projet de la société malienne Wassoul’Or.

Des objectifs atteignables

Alors que le Mali a été, comme tous les autres grands producteurs d’or, handicapé ces dernières années par la baisse mondiale des prix des matières premières, les prévisions ne sont guère optimistes. En 2017, la Banque mondiale prévoit que le prix de l’or baisse de 8%, passant d’une moyenne de 1 249 $/toz en 2016 à 1 150 $/toz en 2017.

Si cette tendance baissière devrait affecter les revenus aurifères du pays, celui-ci garde confiance en ce qui concerne ses données de production. Elle prévoit de produire en 2017, 95 tonnes d’or, soit 40% de plus qu’en 2016. L’objectif en soi n’est pas irréalisable. Le Mali pourra en effet compter sur la nouvelle mine Fekola, entrée en production en octobre, et qui devrait être suivie par Yanfolila, le projet géré par Hummingbird Resources où le démarrage de la production est imminent. En outre, le gouvernement malien a indiqué en novembre que la production des orpailleurs informels devrait doubler cette année.

Par ailleurs, le pays pourra compter sur son nouveau code minier pour attirer plus d’investisseurs étrangers dans son secteur aurifère. L’objectif de ce code qui date de 2012 était, pour rappel, « l’ouverture de nouvelles mines, l’accroissement de la production d’or, l’amélioration de la gouvernance dans le secteur ». Il limite la participation du gouvernement dans les projets en développement à 20%.

Selon le dernier rapport du Fraser Institute sur le sujet, le Mali a été classé au 7e rang en Afrique (et 42e mondial) sur la liste des pays dont le secteur minier est le plus attractif. A part l’or, le sous-sol malien est également riche en lithium.



Dossier réalisé par Louis-Nino Kansoun

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