Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

DR KALIFA KEÏTA à propos de la sauvegarde du fleuve NIGER « Chacun de nous a un rôle à jouer »
Publié le lundi 5 fevrier 2018  |  L'Observatoire
Comment


La sauvegarde du fleuve Niger préoccupe l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN). Celle-ci (ABFN), en collaboration avec Via Water, Akvo Flow, Indymo, a organisé un atelier de formation axé sur le renforcement des capacités des parties prenantes sur la qualité de l’eau. Dr Kalifa Kéïta, Maitre Assistant à la Faculté des Sciences et Techniques, à l’Université des Sciences et Techniques et Technologique de Bamako, un des participants à cet atelier, est d’avis que chacun de nous a un rôle à jouer dans la sauvegarde de cette richesse naturelle qu’est le fleuve. A ce propos, il nous explique ici les pratiques qui provoquent la pollution des eaux du fleuve. A ce propos, il s’est confié à L’OBSERVATOIRE. Lisez entre les lignes !

L’OBSERVATOIRE : Dr Kalifa Kéïta, vous avez fait des prélèvements sur le fleuve Niger entre 2014 et 2016 pour étudier la qualité de ses eaux. Pouvez-vous nous dire ce qu’en est sorti de cette étude ?

Dr Kalifa Kéïta : par rapport à l’exposé que j’ai donné sur la caractérisation des eaux «résiduaires urbaines» et l’évaluation de leur impact sur la qualité de l’eau du fleuve Niger à Bamako et environs, j’ai caractérisé d’abord les rejets qui rentrent dans le fleuve Niger de Samaya à Moribabougou. Entendez par rejets, les eaux sales déversées dans le fleuve sans traitement au préalable.

Il faut dire qu’au niveau de Samaya qui est l’entrée de l’eau à Bamako, nous avons constaté que le fleuve est moins pollué. Pour savoir davantage sur la qualité de l’eau, nous avons pris les différents rejets d’eau qui se déversent dans le fleuve. Le 1er rejet est celui de Woyowayanko, au niveau de Diafaranako, qui vient se jeter dans le fleuve et qui est utilisé aujourd’hui pour des fins de rejets domestiques que nous qualifions de collecteur naturel. Il y a aussi le rejet qui passe devant l’ENSUP, celui de Dibida avec ses affluents venant des différents marchés qui descendent dans le fleuve devant l’Hôtel Kempeski. Il y a aussi le rejet qui passe devant la Direction de l’Hydraulique et qui descend tout juste au niveau du pont des Martyrs où il y a ce qu’on appelle l’égoussé. Ensuite, nous avons le rejet de N’Golonina, le collecteur qui passe devant l’Hôtel Mandé qu’on appelle le Balassakoni. Tous ces rejets se trouvent sur la Rive gauche.

Sur la Rive droite, il y a les rejets au niveau de Torokorobougou, au niveau du Pont Fahd, le collecteur de Sogoniko-Kalaban-coura qui va au niveau de Magnambougou et qui descend dans le fleuve. Il y a également le collecteur ou le réseau de Dianéguela qui fait descendre tout juste les eaux des teinturières. Çà aussi c’est un collecteur naturel, situé non loin du système d’usine mobile de la SOMAGEP qui traite l’eau potable pour les populations. Tous ces rejets sont issus de nos activités domestiques, mais aussi artisanales dans les quartiers sans compter les eaux et liquides sales des industries qui se déversent dans le même fleuve. Il faut noter que ce fleuve traverse cinq capitales régionales. A cet égard, il y a un souci de suivre la qualité de l’eau du fleuve afin de voir l’impact de ces rejets sur la qualité de ces eaux. C’est là que réside l’importance de notre étude de prélèvement qui s’est déroulée entre 2014 et 2016.

Quel est l’impact de ces rejets sur la qualité de l’eau ?

Ces rejets ont de l’impact sur l’environnement et la santé de l’Homme. D’après l’OMS, 80% des maladies sont d’origine hydrique. Parmi les paramètres que nous utilisons, il y a des indices de pollution tant au niveau du rejet qu’au niveau de la qualité de l’eau. Il y a des directives qui sont dépassées selon les indications de l’OMS ; car, la dose de toxicité est assez importante. A la lumière des résultats obtenus de nos études, on peut dire que la qualité de l’eau du fleuve est altérée.

Quelles sont les précautions à prendre pour minimiser ces cas de pollution de l’eau du fleuve ?

Depuis des années, on est en train de suivre la qualité de l’eau du fleuve Niger. On se rend compte que cette qualité est en train de se dégrader d’année en année. L’accroissement de la population et la multiplicité des activités menacent même la vie du fleuve. Nous sommes les premiers responsables de cette menace de la qualité de nos eaux. Nos grands parents traitaient l’eau soigneusement. Quand ils leur arrivaient de puiser, ils entraient dans l’eau au niveau de leur hanche et venaient filtrer cette eau avant de la consommer. Ils se disaient qu’à ce niveau l’eau ne se polluait pas. Aujourd’hui, nous polluons davantage l’eau à travers nos activités de tous les jours. Un changement de comportement s’avère nécessaire pour protéger les eaux du fleuve. Et, cela, en ne déversant dans ses cours pas les eaux sales de façon anarchique, par le respect des règles d’assainissement. Au niveau des communes, il urge de trouver des moyens pour traiter les rejets d’eaux avant leur déversement dans le fleuve. C’est à ce prix que nous pouvons protéger l’eau du fleuve menacée de disparition à cause de certaines pratiques. Chacun de nous peut jouer sa partition dans la sauvegarde du fleuve Niger.

Propos recueillis par Ambaba de Dissongo

Commentaires