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Il faut le dire : Perdition
Publié le lundi 9 juillet 2012   |  Les Echos




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Ils nous ont légués le « sanankouya » (la parenté à plaisanterie) pour résoudre nos querelles et rire de nos péchés mignons. Mais, chacun fait semblant de pardonner la gifle de l’autre. Le Malien, aujourd’hui, ne regarde que son nombril. « Moi, on ne me dit pas ça. Moi, on ne me fait pas ça » est la profession de foi enfouie en chacun de nous. Bof !

Ils nous ont procuré le « maya », c’est-à-dire l’humanisme qui oblige normalement à voir en l’autre une partie de moi-même. Certes, chacun le jure au nom de Dieu, mais la réalité est ailleurs. On ne pense, on ne voit et on n’agit que pour et par soi. Adieu veaux, vaches et cochons !

C’est ici, qu’il y avait le « balimaya » (la fraternité) qui voulait tout dire pour celui qui n’était mû que par la famille, la communauté et, partant, le pays. Cet héritage aussi s’est volatilisé. D’où des groupuscules séparatistes comme le MNLA et d’autres Maliens qui se croient plus intelligents que les autres en étant en intelligence avec l’ennemi.

Le Malien, héritier du Soudanais, pratiquait le « nimogoniya », c’est-à-dire la joyeuse relation entre beaux-frères et belles-sœurs. La maisonnée, le quartier, le village, voire le pays ne s’en portait que mieux. Le « moussoulaha » (la condescendance) nous permettait de passer l’éponge sur des fautes vénielles non sans avoir réprimandé le coupable.

Ci-gît le « waguéya » (la pudeur), le « mugnu » (l’endurance), le « sabali » (la résignation). Ils ont été étranglés par l’instinct de survie. C’est ici qu’il y avait la fierté qui nous commandait de refuser – tête haute, torse bombé – les ordres venus d’ailleurs et surtout les comportements qui mettaient en mal la cohésion sociale. C’est au Mali qu’on pouvait vivre heureux sans le sou dans le vestibule d’autrui…

Et puis paf ! Tout cet édifice, construit brique après brique pendant des millénaires, s’est écroulé comme château de cartes. Désormais, il nous faut une torche en plein jour pour se voir, s’entendre, se comprendre. Le pays est sens dessus dessous. La bonté tout court nous a quittés. Où trouver la solution ? Ouaga ou Canossa ? Mon œil !

Reprenons voir le droit chemin du labeur et de l’équité ! Notre salut ne se trouve nulle part ailleurs qu’au retour à notre source, dans le travail bien fait. Nos devanciers se sont retournés dans leurs tombes. Les nouvelles générations sacrifiées sont fondées à porter plainte contre nous pour cet héritage dilapidé.

Comme le disent les Bambaras « que tu ne saches pas attraper, mais que tu perdes ce qu’on a attrapé pour toi est bien le signe de l’affaiblissement ». Il n’y a pas deux solutions : restaurons l’héritage laissé ! Car, nous sommes bel et bien entre deux feux : l’œil de Caïn de nos ancêtres et la moue dubitative de la relève.

A. M. T.

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