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Dioncounda Traoré- Cheick Modibo Diarra : Une nouvelle crise politico-institutionnelle se dessine
Publié le mercredi 1 aout 2012   |  L'Indépendant




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Un bras de fer vient de s’engager le weekend dernier entre le président et le pm de la transition. Dioncounda Traoré détient plus d’atouts que son rival Cheick modibo diarra pour l’emporter. L’analyse de Saouti haidara.

C’est un discours d’homme d’Etat que le président de la République intérimaire, le Pr Dioncounda Traoré, a prononcé, le dimanche 30 juillet, sur les ondes de l’ORTM. Ses thèmes majeurs étaient le pardon, l’unité de toutes les Maliennes et de tous les Maliens pour sauver la nation en danger, la réconciliation des cœurs et des esprits, la primauté de l’intérêt général sur l’intérêt particulier, le réarmement moral et la réorganisation des forces armées pour reconquérir le septentrion, l’implication de tous pour la restauration de la démocratie et de l’Etat de droit qui nous avaient valu le respect du monde entier. Toutes choses qui cadrent bien avec nos préoccupations de l’heure.

Le ton aussi était à la mesure, ce dont nous avons le plus besoin par les temps qui courent. Cette adresse à la nation, la première du successeur constitutionnel du président ATT renversé par une mutinerie le 22 mars dernier, était très attendue tant par les Maliens » du dedans et du dehors » que par les voisins du Mali et l’ensemble de la communauté internationale. Et pour cause : elle survenait 48 heures avant l’expiration de l’ultimatum fixé par la CEDEAO au premier ministre Cheick Modibo Diarra pour former un « gouvernement d’ union nationale « , conformément à l’Accord -cadre du 6 Avril 2012 et présenter une feuille de route de sortie de la crise politique et sécuritaire qui prévaut dans le pays. Faute de quoi l’équipe qu’il dirige depuis le 17 avril serait exclue de toutes les activités de l’organisation sous-régionale et pourrait s’exposer à d’autres types de sanctions éventuelles.

La remarquable opération de communication réalisée par la télévision nationale, la veille samedi 28 juillet, sous le couvert des » 100 jours » de sa primature a révélé au grand public l’ampleur du désaccord entre Cheick Modibo Diarra et la CEDEAO autour de ces deux sujets de premier ordre. Les téléspectateurs ont été sidérés d’entendre leur premier ministre tourner à la dérision le gouvernement d’union nationale. « L’actuel gouvernement est déjà d’union nationale. Il comprend des Maliens de tous horizons de l’intérieur et de l’extérieur. Mais si voulez un gouvernement de 200 membres, on peut y aller toutefois, je ne vous en garantis pas l’efficacité ! » a- t-il proclamé sur le mode de la raillerie. S’agissant de la feuille de route, il déclare : » Il est stupide de nous demander de fournir un chronogramme précis car nul ne peut dire quand-est-ce-que la lutte contre les terroristes peut prendre fin. Les Américains et leurs alliés Européens sont en Afghanistan depuis plus de 10 ans et ils ne sont toujours pas victorieux. Chez nous aussi, il faudrait s’attendre à plusieurs années d’efforts pour que la paix et la sécurité durables soient rétablies. »

Ces mêmes messages sont valables pour le FDR, le plus puissant regroupement des forces politiques et sociales, qui a contribué à faire échec au putsch du 22 mars 2012 et qui, en plus de revendiquer un gouvernement d’union nationale et une feuille de route avec un chronogramme précis, accuse l’équipe conduite par Cheick Modibo Diarra « d’incompétence, d’inertie, d’immobilisme. » L’ex-navigateur interplanétaire de la NASA égaré en politique lui rétorque : » Mon gouvernement est le meilleur que le Mali ait jamais eu. » Concernant sa démission personnelle, réclamée par le même FDR, il réplique : » Je ne démissionnerai pas pour deux raisons. La première est que l’accord du 6 avril, qui a servi de support à ma nomination ne prévoit pas cette démission. La deuxième est que je suis un fils de ce pays et j’entends le servir tant que j’en aurai la force et les moyens « .

Tenus quelques heures à peine après le retour de Paris du président intérimaire et à la veille de son discours annoncé pour le dimanche 29 juillet, ces propos de Dr Cheick Modibo Diarra sonnaient comme une déclaration de guerre. Dioncounda Traoré y a répondu à sa manière, sans élever la voix ni verser dans la polémique, avec une civilité exquise et surtout en formulant des propositions de nature à fédérer les énergies et les intelligences autour de sa personne. Ainsi, de la création d’un Haut Conseil d’Etat, présidé par lui-même et doté de deux vice-présidents. L’un, militaire, aurait en charge de reconstruire les forces armées et de sécurité du Mali pour les rendre aptes à reconquérir les régions perdues au nord. L’autre, civil, s’occuperait de la transition politique. Il a annoncé également la mise en place d’un Conseil National de Transition (CNT) à vocation consultative et d’une Commission Nationale aux Négociations (CNN) vouée à la quête de la paix au nord mali.

S’agissant de la formation d’un gouvernement d’union nationale, le président intérimaire a laissé entendre que les consultations devant y aboutir seront conduites par lui-même.

Si cette nouvelle architecture institutionnelle devait voir le jour et si les discussions pour la formation du futur gouvernement devaient se dérouler comme prévu par Dioncounda, autant dire que Cheick Modibo Diarra n’y trouverait plus sa place. A moins de devoir se contenter de la portion congrue, ce qui ne ressemble pas au personnage, à l’idée qu’il se fait de lui- même. Sans compter ses irréductibles partisans qui, faute d’être insérés dans les nouveaux organes à créer, pourraient reprendre leur activisme qui a déjà fait tant de mal au Mali dans un passé récent.

A n’en pas douter, une nouvelle crise politico-institutionnelle vient d’émerger entre les deux têtes de la transition, le président et le premier ministre. Les rapports de forces sont favorables au premier. Il a derrière lui l’essentiel de la classe politique et de la société civile maliennes. Il jouit aussi du soutien de la CEDEAO, de l’UA et de la communauté internationale. Son passé d’élu national ayant occupé la fonction très honorable de président de l’assemblée nationale lui confère également une certaine légitimité. L’actuel chef du gouvernement peut compter sur des groupuscules d’agitateurs dont la capacité de nuisance n’est toutefois pas à négliger ainsi qu’on a pu s’en rendre compte lors de la marche de protestation qui a tourné en « tentative d’assassinat « de Dioncounda Traoré le 21 mai dernier. Il doit sa position actuelle à l’ex- junte militaire mais l’on ne voit pas celle-ci tenter de revenir au devant de la scène après en avoir été chassée par les pressions conjuguées des forces vives maliennes et de nos partenaires internationaux. Il est donc désigné comme le perdant de la crise qui se met en place. Celle-ci peut toutefois être conjurée grâce à des intermédiations qui ne manqueront sûrement pas de se manifester comme il est de coutume dans notre pays.

Saouti Labass HAIDARA

Depuis Dakar

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